juin6th2018

PAUVRES PILOTES

Depuis des millénaires, l’homme a toujours rêvé pouvoir se déplacer dans les airs, et c’est avec l’audace et la technique du dix neuvième  siècle que ce rêve est devenu réalité. Progrès impressionnant et fulgurant qui a laissé dans nos mémoires émerveillées les noms de ces pionniers avec leurs machines, Clément Ader, Nungesser et Coli, Lindbergh, Guynemer, Clostermann, Saint-Exupéry et bien d’autres.

Cette histoire extraordinaire s’est prolongée par le développement de l’aviation civile et commerciale qui transporte aujourd’hui des millions de passagers sur toute la planète, dans des conditions de sécurité très supérieures à la mobilité terrestre automobile. Le transport aérien est devenu une énorme machine bourrée de matériels ultraperformants, dans un réseau serré de systèmes de navigation, de satellites de communication, d’ordinateurs redondants,  tels que les vols pourraient aujourd’hui se faire sans pilote.

Et les pilotes ? Utilisant abondamment le pilotage automatique en vol et corsetés dans les procédures, ils se retrouvent confrontés à l’inaction.  On conçoit bien qu’ils se sentent  un peu mal à l’aise devant la perte de leur liberté d’action et de l’admiration des passagers qui ne les considère plus comme les seigneurs auxquels ils confiaient leur vie.

Il n’est jamais agréable de se trouver dans une profession qui est confrontée au déclin de sa notoriété, comme ce fut déjà le cas  des enseignants et des magistrats. Alors, que faire ? Eh bien faire grève, afin de montrer combien on est indispensable, au motif d’une rémunération financière insuffisante, car la rétribution en considération  du public s’est considérablement affaissée.

Les enfants gâtés font une colère quand leurs parents ne leur témoignent plus les marques d’affection auxquelles ils sont habitués, et vont jusqu’à casser leurs jouets pour attirer l’attention.

Ces enfants gâtés en uniforme impeccable ne font plus rêver. Se sentant devenus  progressivement inutiles par la progression implacable des automatismes  d’une efficacité qui leur est supérieure, ils n’hésitent pas à casser le jouet que la nation leur a confié.

Pauvres pilotes.