MEDICAMENTS, LA PENURIE?
Publié le 13 novembre 2018
En 2017, l’Agence Nationale du Médicament a reçu 530 signalements de traitements essentiels pour rupture de stocks ou tension d’approvisionnement soit 10 fois plus qu’il y a dix ans.
Environ 5% des médicaments sont en état de non mise à disposition au quotidien
Ces traitements essentiels concernent la maladie de Parkinson, des produits contre le cancer, des antiépileptiques, des antibiotiques, des antihypertenseurs, des vaccins, antiallergiques, des composants de contraceptifs, des corticoïdes etc..
Ne sont pas pris en compte des médicaments d’utilité moins essentielle !
Il existe donc un risque majeur de santé publique.
Les raisons ?
– La mondialisation:
les molécules actives sont pour 70% d’entre elles fabriquées aux USA, Indes et Chine.
Nos laboratoires européens interviennent comme fabricant de deuxième ligne: fabrication de l’excipient (dont certains composants sont eux mêmes d’origine étrangère), mise en gélules ou comprimés, notice d’utilisation et emballage, distribution.
La recherche et développement permet à nos labos de découvrir de nouvelles molécules mais il faut en moyenne en étudier 10 000 pour en avoir une intéressante.
Il suffit qu’il y ait un problème au niveau des usines de production pour que le mécanisme s’enraye: problème climatique, pannes, rupture d’approvisionnement en énergie, transport local ou international interrompu ou en retard, problèmes douaniers , flux tendus , etc. Mais le plus gênant est le refus du produit arrivé chez nous en raison d’un contrôle qualité négatif.
– Les raisons commerciales:
Quand il y a pénurie, ce sont les clients riches qui vont pouvoir acheter la matière première et qui vont préempter le marché. Donc les pays pauvres seront les plus mal lotis. Pour eux la situation est parfois franchement catastrophique.
En France, contrairement à ce qui se raconte, le prix du médicament est bas: plus de 90% des médicaments vendus en France sot inférieurs au prix moyen européen.
L’indice des prix des médicaments remboursables en France a diminué de 37,5% entre 1990 et 2015 quand l’indice du coût de la vie augmentait de plus de 45%.
Le prix des génériques est d’environ 60% moins cher que le produit princeps (mais pas de recherche et développement).
Nos laboratoires font donc moins de profit que leurs collègues européens ou américains et se situent donc plus difficilement qu’eux lorsqu’ils achètent les molécules actives sur les marchés étrangers.
La lutte contre la pénurie:
Le circuit pharmaceutique s’est doté d’un système informatique les avertissant des manques à venir et des substitutions possibles.
Ils constituent des réserves de produits à risque de manque, en particulier dans les pharmacies hospitalières.
Cela leur permet de gérer les échanges entre eux des produits en situation de rupture.
Les médecins sont avertis par les fabricants lors des manques.
On peut néanmoins se retrouver en situation de pénurie totale.
La solution idéale: favoriser le retour de la fabrication des molécules actives en France ou au minimum en Europe. Ceci est également vrai pour tout ce qu’on appelle la chimie fine.