OXYGENE

Publié le 15 avril 2020

 

Il y a peu encore, le mot oxygène nous remettait en mémoire un célèbre morceau de musique de Jean Michel Jarre, talentueux compositeur de musique électronique, qui nous emmenait avec ses sonorités nouvelles dans un monde aérien, presque cosmique.

Nous sommes revenus brutalement sur terre, et le mot oxygène n’est plus aujourd’hui que le dernier rempart à notre vie, ou notre survie, tant il est vrai que l’oxygène, c’est la vie. Nous respirons, sans nous en apercevoir, de l’air qui est un mélange, pour faire simple, de 80% d’azote et de 20% d’oxygène dans l’atmosphère terrestre.

Et cette atmosphère terrestre n’a pas une composition homogène : l’oxygène qui est l’élément le plus lourd est plus concentré au niveau de la mer qu’en altitude. La raréfaction en oxygène augmente avec l’altitude, et une exposition brutale à 6 000 mètres entraine la mort en moins de 15 minutes. Ceux qui ont voyagé en avion à 10 000 mètres ont fait confiance au système de pressurisation cabine et aux masques à oxygène prêts à être déclenchés en cas de besoin.

Chance ! Comme les crabes qui se déplacent au sol au fond des océans liquides, les hommes se déplacent au fond d’un océan de gaz, précisément là où la concentration en oxygène est la plus forte. Cette différence de densité entre l’oxygène et l’azote découle directement de leurs poids moléculaires (32 et 28), en remarquant que la différence n’est pas grande. En effet, nous avons appris, en classe de seconde, le fameux tableau de la classification périodique des éléments de Mendeleïev, et constaté que les éléments azote et oxygène se trouvent exactement l’un à côté de l’autre. Etonnant de constater que l’azote, gaz inerte, se trouve au plus près de son  voisin qui assure la vie.

Mais il y a plus étonnant encore, et nous devons cette leçon de biologie à Jean-Marie Pelt. L’hémoglobine présente dans nos poumons permet de fixer l’oxygène en rejetant le gaz carbonique, et la chlorophylle  des arbres permet d’absorber le gaz carbonique en fixant le carbone et rejetant l’oxygène.  Et les molécules d’hémoglobine et de chlorophylle sont identiques, à un détail près : l’hémoglobine comporte un atome de fer, qui lui confère sa couleur rouge, et la chlorophylle un atome de magnésium lui donnant la couleur verte,  ces molécules  réalisant des fonctions strictement symétriques.

Ainsi donc, nous dialoguons avec les arbres par gaz carbonique et oxygène interposés. La symétrie inverse ne s’arrête pas là : les feuilles des arbres se sont développées pour présenter la plus grande surface d’échange possible avec l’air environnant, tout comme les tissus pulmonaires de notre corps. La structure de l’arbre, comportant un tronc, des branches maitresses, des rameaux et des feuilles est analogue à la structure de notre système respiratoire, en commençant par la trachée, l’arbre bronchique, les bronches et les alvéoles.

L’arbre est plein, échangeant à l’extérieur avec l’air, les poumons sont creux, échangeant avec l’air à l’intérieur. Enfin, l’arbre est vertical montant, l’arbre pulmonaire vertical descendant.

Ainsi donc, par une sorte d’effet miroir inverse,  nous faisons partie intégrante du monde vivant, associés de manière inséparable à la nature.

Et pourtant, l’écologie actuelle semble oublier l’oxygène.

Principal gaz nécessaire à notre existence, ce gaz, paradoxalement, subit une rude concurrence. Méthane, CO2, dioxyde de soufre et difluorométhane lui taillent des croupières dans les media et les écologistes lui font de moins en moins référence.

Le CO2, est un voleur qui pique chaque fois deux molécules d’oxygène pour en faire une seule de lui-même, se pavane en tête du palmarès des gaz les plus célèbres !

Pauvre Oxygène!

Pourtant sans toi aucune existence n’est possible et tu es l’arme de premier secours pour nos urgentistes en cas de détresse respiratoire ou cardiovasculaire. Tu es la vie même et tu es mis à l’index par tous ceux qui croient tout savoir de la nature et qui nous vilipendent alors que nous faisons déjà bien des progrès pour beaucoup d’entre nous pour  salir le moins possible notre planète et en consommer le moins possible.

On nous bourre de chiffres concernant les outsiders de la composition atmosphérique mais jamais des modifications du principal d’entre eux !

Et pourtant il y aurait de quoi s’inquiéter quand on voit d’immenses régions forestières disparaître, alors qu’elles sont un de nos principaux fournisseurs avec les océans et que toute combustion le consomme à grande échelle, de la petite cigarette à la plus gigantesque des centrales thermiques.

Pauvre oxygène. Il serait temps qu’on reparle de toi !

 

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