CAFOUILLAGE
Publié le 14 juin 2020
Selon Larousse, cafouillage désigne une action, un travail, un propos désordonné, inefficace, confus. Et dans ce domaine, le fameux coronavirus a été un formidable révélateur du fonctionnement de notre société, faisant apparaître au grand jour ce que de nombreux esprits soupçonnaient déjà. Et le cafouillage est encore plus répandu que le virus lui-même, car il touche tous les organes du corps social, chercheurs, scientifiques, experts, médecins, ministères, gouvernement, partis politiques, médias.
Et aucun de ces organismes n’en est sorti indemne : chacun y a perdu sa virginité et une grand part de sa respectabilité et de son crédit.
Le public, comme les juges d’un tribunal, se trouve sommé de rendre un avis sur les différentes thèses médicales qui s’affrontent, soutenues par des experts contradictoires. La justice est sereine, dit-on, mais les juges le sont beaucoup moins, le seul refuge du jugement se situant dans l’intime conviction.
Dans le grand défilé burlesque télévisuel, nous avons vu, et entendu, au moment où l’épidémie se développait, un directeur général de la santé nous affirmer que les masques ne servent à rien, et qu’ils pouvaient même être plus dangereux que rien du tout. Et puis, alors que le virus commençait à disparaitre, nous avons ensuite reçu des injonctions formelles de porter le masque.
L’exécutif, qui dispose d’un ministère de la santé compétent, a jugé bon de créer, à part, un comité scientifique derrière lequel il pouvait s’abriter. Naturellement, en cas d’échec, il serait plus commode d’appeler à la responsabilité de ce comité dit scientifique.
La grande controverse sur le traitement à la chloroquine a été le théâtre d‘un affrontement entre les jacobins et les girondins. On a vu avec quel empressement le nouveau ministre de la santé a donné des instructions pour que cette médication soit mise hors la loi dès la publication de la prestigieuse revue médicale The Lancet (le bistouri). Cette dernière fut désavouée deux jours plus tard par trois de ses auteurs. Cafouillage énorme. Même Molière dans sa satire des médecins n’aurait pu imaginer un tel retournement de situation.
Et naturellement, les médias qui se sont rués pour détruire une thèse la veille proclament le contraire le lendemain sans aucun état d’âme. Il n’existe plus de journalistes médicaux sérieux qui prennent le temps d’analyser les documents, mais des rédacteurs en chef assoiffés par le scoop et le taux d’audience.
Nous vivons dans un monde psychiquement fragile, dans un état quasi permanent de grossesse nerveuse, mais qui saura nous guérir de cette agitation mentale désordonnée ?
Une vieille recette pourrait peut-être se révéler utile : une infusion de tilleul ou de verveine le soir avant de s’endormir. Effet apaisant garanti. Mais au fait, cette médication a-t-elle reçu la consécration scientifique fondée sur l’analyse statistique de cohortes randomisées et de groupes témoins placebo ?