LES SCIENTIFIQUES DISENT-ILS LA VERITE ?
Publié le 24 février 2022
La crise sanitaire l’a révélé et en particulier la vaccination anticovid: une partie de nos concitoyens ne croit plus en la parole des chercheurs, ni de ceux et celles engagés dans les sciences naturelles ou sociales.
Ce constat représente une provocation pour ceux qui pensaient, qu’en France – depuis la fameuse époque des « Lumières » – la croyance en Dieu était remplacée par la croyance dans la Science.
Or la grande majorité des français n’a jamais été des adeptes du scientisme, concept selon lequel la Science prend la place de la religion.
Ce constat est également une provocation pour tous ceux qui pensaient que la science était le seul véritable moyen pour savoir comment la nature fonctionne, laissant librement à la religion ou à la philosophie la réponse à la question du pourquoi de ce monde.
Maintenant, il est possible que l’écrasante majorité des français continuent à mettre leur confiance dans la science, mais qu’elle commence aussi à développer une méfiance envers ses représentants, c’est-à-dire ceux qu’on appelle régulièrement (ou qui s’auto-intitulent) dans les medias :« chercheurs »,« universitaires »ou« scientifiques » ou « docteurs » (souvent en pseudosciences). Cette méfiance se comprend pourtant facilement, et cela pour deux raisons.
La première raison est dû au fait que la « vérité », que les chercheurs observent et analysent dans la nature est toujours relative, soumise à une mise en question permanente, et s’écrit donc avec un « v » minuscule. Présenter ce type de vérité aux gens non-scientifiques, aux « gens ordinaires », est une tâche souvent ingrate, car le public souhaite toujours des réponses simples, et adore qu’une vérité de la nature, se présente comme une vérité absolue, une Vérité avec un « V » majuscule.
Il n’est pas étonnant que certains chercheurs cèdent à la tentation de satisfaire cette demande du grand public, aujourd’hui relayée et renforcée par les médias, quittent la modestie d’un vrai chercheur, pour qui le doute doit être vertu cardinale, et présentent leurs résultats comme la VERITE .
Il y a des multiples motivations, correspondant aux variations de la nature humaine, pour céder à cette tentation : caractère orgueilleux, esprit « missionnaire », recherche de financement ou tout simplement appétence pour l’argent, engagement politique, approche idéologique etc. Or, avec le temps, les gens ordinaires, croyant avoir trouvé la Vérité, découvrent que celle-ci se dégonfle en petite vérité relative. Le résultat en est la méfiance envers la recherche.
La deuxième raison est liée au fait que certains chercheurs (par naïveté ou idéologie) présentent la Science comme objective. Or, l’objectivité totale n’existe pas. Pourquoi ?
Elle peut ne pas être neutre de différentes manières :
– Dans le choix et la formulation de l’objet de recherche :
Ex : « l’exploitation des ouvriers » ou « les bienfaits de la GPA » ou « le déclin de l’industrie française », ce qui pousse à faire croire que les ouvriers sont tous exploités, que la GPA n’a que des bienfaits, que toute l’industrie française est en déclin (ce qui est bien évidemment faux : certaines sont en plein essor)
– La méthode et l’argumentation (ex: le modèle théorique) choisies :
Ex : en science économique : modèle libéral ou modèle marxiste. Le simple fait d’aborder un sujet sous une telle étiquette est déjà partisane.
– les conclusions et/ou les applications des recherches, qui peuvent se concrétiser par des « conseils d’expert ».
Ex : La recherche sur les carburants a poussé longtemps à l’utilisation du diesel mais l’objectivité via les experts aurait dû mettre aussi en évidence les risques des microparticules dès le départ.
Nier ces éléments de subjectivité ne signifie pas seulement de se raconter des histoires à soi-même, mais permet aussi de tromper le grand public, en lui suggérant une objectivité totale. Cependant, quand celui-ci découvre cette tromperie, sa confiance dans les scientifiques s’écroule, et la méfiance s’installe.
Tout ceci ne signifie pas dire qu’il faut abandonner la recherche de l’objectivité, mais celle-ci est la mieux servie, quand le chercheur rend transparent, et donc critiquable, (dans tous le sens du mot et pas seulement négativement) les éléments subjectifs de sa recherche.
Nous affirmons que les chercheurs disent la vérité (relative), mais à condition d’admettre qu’ils ne peuvent être objectifs à 100%, de prendre en considération leur démarche basée sur le doute et la remise en question, l’observation et l’expérience.
A nous de ne pas les confondre avec des pseudo-scientifiques, quasiment gourous ou charlatans visant les porte-monnaie des crédules qu’on trouve régulièrement parmi des « experts » présentés et consultés par les médias et les réseaux sociaux.