LE HARCELEMENT SCOLAIRE

Publié le 9 octobre 2023

« J’ai connu moi aussi le harcèlement dans la cour de récréation, le fait de se battre. J’ai connu des choses agréables et des choses désagréables »

Jean Michel Blanquer

Ministre de l’Education Nationale de mai 2017 à mai 2022

Cette citation reprend le thème du harcèlement, terme souvent utilisé par les médias, mais qui cache bien des choses différentes sous ce vocable mais malheureusement trop souvent galvaudé par le grand public.

Y a-t-il une seule définition de ce mot ?

Non, bien évidemment, mais il se traduit classiquement par la répétition d’actes ou de paroles visant à affaiblir voire détruire autrui. C’est une violence faite à la personne. Nous rappelons ici les différents articles sur le thème de la violence présents sur ce site publiés par le CRI.

Le harcèlement, qu’il soit au singulier ou au pluriel, va se décliner sous différentes formes :

–        Moral

–        Sexuel

–        Physique

–        Discriminatoire

–        Sa forme moderne : le Cyberharcèlement

 

Le harcèlement a toujours existé mais aujourd’hui il est amplifié par une très importante médiatisation par la presse et les réseaux sociaux.

Il n’est pas non plus le fait unique de l’école mais concerne aussi d’autres mondes comme celui de l’entreprise ou de groupes comme la police ou les services postaux où les cas de suicide par harcèlement sont conséquents.

 

On a néanmoins l’impression que le harcèlement, même en dehors de l’amplification médiatique, va croissant, que ce soit à l’école, dans la vie personnelle  ou professionnelle, alors qu’il a été longtemps un phénomène marginal. Il est maintenant identifié comme une des formes de violence les plus détestables qui gangrène l’institution scolaire. Ce phénomène de montée en puissance a été très bien étudié par des professeurs chercheurs psychologue comme le sont Ms Jean Pierre Bellon et Bertrand Gardette.

Les exemples de harcèlement grave sont quasi quotidiens, débordant parfois le cadre scolaire :

–        Le rappeur Booba mis en cause dans une affaire de « harcèlement moral aggravé » à l’encontre de l’influenceuse Magali Berdah

–        Les enseignants qui se disent harcelés par un groupe d’extrême-droite appelée « les parents vigilants » pilotée par Eric Zemmour.

–        Une Proviseure Adjoint de Mantes la Jolie menacée par des tirs de mortiers !

Les médias se font le relais de ces évènements non seulement en période scolaire mais aussi tout au long de l’année et des conséquences gravissimes que le harcèlement peut provoquer comme le suicide de ces jeunes arrivés au maximum de la tolérance à la souffrance.

Alors quelles peuvent être les causes de ce fait de société ?  Pour nous, il est certain que notre société perd ses repères en raison d’une vie fondée sur la surconsommation et de l’utilisation sans limite des écrans qui utilisent une place prépondérante au quotidien dès le plus jeune âge.

Elle perd ses repères aussi parce que le mal être est partout. On nous assomme de mauvaises nouvelles politiques, intellectuelles, sportives ; le pouvoir d’achat est en berne, l’essence est hors de prix ; les conflits guerriers ne s’arrêtent pas et le réchauffement climatique détruit tout etc.. etc..

Le tissu associatif, lieu même fédérateur de bonnes volontés et de lien social est menacé.

Le fonctionnement scolaire n’est pas en reste : les ministres changent sans cesse, apportant chacun des réformes qui n’aboutissent souvent à rien de fondamental.

L’affaire récente du courrier de Versailles menaçant de poursuites judiciaires des parents se plaignant de harcèlement scolaire est un des facteurs entraînant le suicide de Nicolas  ajoute encore de l’incompréhension à la prise en compte du harcèlement et du fonctionnement de l’institution quand on apprend par les médias que ce serait un DRH, haut fonctionnaire, qui serait l’auteur de ce courrier au lieu du recteur (mais qui en détiendrait la délégation de signature).

Mais il ne faudrait pas oublier non plus le harcèlement en provenance des familles qui en demandent de plus en plus et dont les chers petits harcèlent le personnel des établissements scolaires professeurs compris !

Tout enfant, y compris celui porteur d’un handicap, a droit à une formation scolaire qui, complétant l’action de sa famille, concourt à son éducation.

C’était l’ambition de la loi Haby de 1975, dite de « l’école unique » de remplir cette mission.

Est- elle encore d’actualité ? Car si l’école se doit d’accueillir tous les enfants elle ne peut pas faire toute leur éducation, donc régler par celle-ci tous les problèmes de la société.

Autrefois, sous la seconde république, ce que l’on dénomme maintenant « Education nationale » s’appelait  « Instruction Publique », le reste de l’éducation étant du rôle de la famille.

Aujourd’hui, avec un ministre qui s’appelle « Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse », où en est on avec les familles ?  Quelles relations l’Education Nationale » doit elle avoir avec elles ?

Dans quelle mesure doit-elle se substituer aux familles ou compléter celles-ci ?

De plus, notre société évolue. On ne perle plus de parents, de papas et de mamans mais de « responsables légaux », supprimant ainsi l’intime lien qui liait l’enfant à ses parents ce qui a obligatoirement un impact sur l’éducation de l’enfant et sur sa façon d’interagir avec son entourage, donc ses enseignants et ses condisciples scolaires et, par là même lui donner l’occasion de devenir un harceleur faute d’avoir appris les subtiles barrières qui font le lien social.

Nous avons cependant une lueur d’espoir en matière de harcèlement scolaire avec le projet « pHare » acronyme désignant le « Plan de prévention du Harcèlement à destination des Ecoles » qui comporte huit piliers :

–        Mesurer le climat scolaire

–        Prévenir les phénomènes de harcèlement

–        Former une communauté protectrice de professionnels pour les élèves

–        Intervenir efficacement sur les situations de harcèlement

–        Associer les parents et les différents partenaires pour communiquer sur le programme

–        Mobiliser les instances de démocratie scolaire (Conseil de la Vie Collégienne, Conseil de la Vie Lycéenne), le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement. Suivre l’impact de ces actions

–        Mettre à disposition une plateforme dédiée aux ressources

Cela comporte un plan de formation s’appuyant sur différentes phases pour faire de la lutte contre le harcèlement l’affaire de tous : élèves, professeurs, personnels de l’Education nationale, parents, partenaires divers.

Ce programme se fait en deux étapes :

–        Phase I : former les référents en climat scolaire académiques, départementaux et en établissements.

–        Phase II : essaimage des référents avec partage des expériences de terrain.

Tout cela implique aussi la formation des enseignants.

Va-t-on continuer à envoyer des stagiaires dans des postes ou des endroits retirés faute de demande de titulaires ou dans des zones dites prioritaires qui devraient être prises en charge par des enseignants expérimentés ?

Comment rendre attirant les carrières d’enseignants ?

Comment éviter le « zapping » professionnel, c’est-à-dire le changement de la profession d’enseignant au bout de quelques années pour un autre job ?

En conclusion :

Si nous avons à rechercher des fautes comme causes du harcèlement, elles sont multiples et à mettre au conditionnel :

–        Les enseignants ? On leur en demande de plus en plus (entre autre se substituer au rôle éducatif familial) au détriment de l’apprentissage des fondamentaux.

–        Les parents (ou plutôt « responsables légaux ») ?  Leur éducation ressemble de plus en plus à un chantier permanent de négociation avec leurs enfants, laissant une place de plus en plus prépondérante aux écrans et aux réseaux sociaux avec toutes les dérives que cela comporte, en remplacement de la conduite sur la route de la vie dont l’application du code apporte la récompense et la sortie la sanction.

–        L’institution éducative ? On peut certainement en revoir le fonctionnement sur certains points en particulier sur le cheminement des déclarations de signalement de harcèlement et du soutien hiérarchique. Le sujet évolue…

–        Les politiques ? Ils ont leur responsabilité dans l’application des lois et textes et dans le prosélytisme politique retrouvés dans certains programmes.

–        Les réformes permanentes et déstabilisantes ?

–        Les medias ? Leur rôle de diffusion de comportements malsains est manifeste et devrait être surveillé au minimum par autocontrôle et mise en place de dispositifs de contrôle parentaux efficaces.

En conséquence :

–        Ne pas faire de l’école un bouc-émissaire de tous les maux de la société.

–        Eviter de transférer au sein de celle-ci le mal-être de nos quartiers

–        Se poser la question de la dichotomie entre tous les acteurs cités ci-dessus

–        Revenir sur des principes éducatifs clairs des enfants, fondés sur la dualité bien-mal avec les conséquences que cela peut entraîner dans leur vie.

–        Enfin se pencher sérieusement sur la santé mentale en particulier de nos Adolescents.

 

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