MARIAGE A LA CARTE

Publié le 4 septembre 2013

 

 

La loi du mariage pour tous a été adoptée.

Il semble donc importun de revenir en débattre, mais les évènements qui ont entouré la promulgation de cette loi, et l’espoir pour certains de la voir abroger ultérieurement, nous ont conduit à réfléchir plus avant dans ce qui a constitué un des épisodes les plus important de la vie sociétale française de ce printemps 2013, mettant dans la rue des millions de personnes.

Nous nous sommes aperçus, en priorité, que cette loi mettait un coup d’arrêt à un débat qui concernait des positions très opposées allant d’un traditionalisme extrême à un libéralisme qui l’était tout autant en ce qui concerne l’homosexualité et la parentalité, sans oublier toutes les situations intermédiaires.

Dans le cadre de notre propre réflexion, nous avons relevé, comme cela est fréquemment le cas, que la situation est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, sauf pour ceux et celles qui se sont figés sur les positions extrémistes.

LE MARIAGE :

En France, il s’agit d’un contrat civil, destiné à créer une famille, base de la société, et d’y assurer la sécurité patrimoniale et identitaire des époux et des enfants issus de ce mariage

Il est  doublé d’un mariage religieux, destiné à assurer l’union sacramentelle d’un homme et d’une femme, pour créer une famille au sein de laquelle l’instruction religieuse et les codes générés par la religion doivent être transmis.

Mais dans la réalité, que se passe t-il ?

Beaucoup de mariages cassent (un mariage sur deux en région parisienne, un sur trois en province)

Beaucoup de couples vivent hors mariage en union libre

Beaucoup d’enfants naissaient  hors mariage. Ces « bâtards » étaient autrefois écartés de tout droit successoral, faisant la honte de celles qui les avaient portés. Sans eux, les filles et fils cachés, beaucoup de romans et films n’auraient jamais existé, sans oublier des épisodes célèbres de notre propre Histoire !

Leur sort a quand même été amélioré dans le cadre de notre vie moderne.

Beaucoup de notre vie sexuelle a été contrainte par le mariage, qui, même civil, a emprunté beaucoup à ce que préconisent les religions

L’HOMOSEXUALITE :

Les homosexuels n’avaient pas droit au mariage avant la promulgation de la Loi actuelle

  • Ils avaient cependant droit au Pacte Civil de Solidarité (Pacs), au même titre que les personnes hétérosexuelles souhaitant vivre ensemble sans se marier
  • Toutes les grandes religions (chrétiennes, juives, islamique) bannissent l’homosexualité et, par conséquence, le mariage homosexuel.
  • A l’opposé, l’homosexualité a été considérée  comme normale dans la Grèce antique,
  • Qu’on soit pour ou contre, l’homosexualité existe et ne peut disparaître. Il est donc indispensable que notre société la prenne en considération, ce qui signifie qu’elle se doit de protéger cette minorité comme n’importe quelle autre, mais aussi que celle-ci n’a pas à imposer ses points de vue à la majorité hétérosexuelle pour respecter le fonctionnement  démocratique majorité/minorité.
  • Il est indigne de stigmatiser l’homosexualité : la plupart des « gays » exerce leur métier avec grande conscience et ont pu donner au monde de grands artistes, de grands savants, d’exceptionnels sportifs et certains ont même donné leur sang pour que vive notre patrie.

 

L’HETEROSEXUALITE:

Dans nos sociétés, elle ne pouvait être légitime que dans le cadre du mariage, les religions étant extrêmement prégnantes en ce domaine. Elles la concevaient uniquement  dans un but de conception mais jamais dans un but hédonique (recherche du plaisir) qui, lui, était péché.

  • Aujourd’hui, la plupart des spécialistes estiment qu’avoir une vie sexuelle heureuse est indispensable au bon équilibre psychologique de chaque individu. La sexualité  est devenue plus libre. La libération de la sexualité féminine par l’utilisation de la contraception y a été pour beaucoup.
  • Que la sexualité peut se dissocier de l’amour, même si elle y est nettement liée et que ce sentiment n’a souvent que peu compté autrefois dans la conclusion des mariages surtout axés sur les transmissions et préservations de patrimoine.
  • Elle a été même très ritualisée avec les contrôles de virginité avant ou après mariage, exposition des draps pour confirmation qu’il avait été consommé etc…

 

La loi du mariage pour tous :

A choqué une grande partie de la France, très traditionnaliste sur le sujet du mariage, pour qui un couple ne peut vivre que dans le complément masculin- féminin.

Fait se poser des questions importantes sur la notion de parentalité et de devenir pour des enfants élevés dans des couples non traditionnalistes. Les experts ne sont pas tous d’accord entre eux sur le sujet.

Fait se poser des questions importantes également sur toutes les techniques d’enfantement artificielles, allant jusqu’au problème des mères porteuses, car tout n’est pas résolu à ce niveau, loin s’en faut (pourcentage de résultats, conséquences psychologiques  chez tous les intervenants et surtout les enfants issus de ces fécondations, sans oublier les problèmes liés à la recherche de ses origines.

Fait se poser des questions importantes sur le plan moral chez les personnes au sentiment religieux  très présent.

Après avoir abordé tous ces différents aspects du problème, nous avons pensé que ce débat pouvait paraître mineur à côté des autres grands problèmes de notre société (emploi, industrialisation, environnement etc..).

Nous avons également abordé l’aspect politicien du débat : quand dans un pays beaucoup d’élections se gagnent à quelques pour cent près, s’attirer les faveurs d’une minorité peut toujours être intéressant en nombre de voix.

 

Plusieurs solutions pouvaient être envisagées sur le plan politique (donc législatif)

– Reprendre la législation antérieure (mariage traditionnel) et mieux faire connaître le Pacs aux minorités sexuelles.

– Reprendre la législation antérieure et améliorer le Pacs (ne serait ce qu’en en changeant le nom) en améliorant le régime des successions (uniquement séparation de biens) et surtout des réversions.

– Adopter un mariage à la carte d’emblée, ce qui satisfera les minorités sexuelles (par ex : pour gays masculins, un autre pour lesbiennes, un spécifique pour union polygames ou polyandres) mais certainement moins les autres, à moins qu’avec le temps et l’évolution naturelle des mœurs ce ne soit plus un problème dans quelques générations !

– Un referendum : en prenant le risque, compte tenu de la forte majorité de traditionnalistes, de bloquer pour longtemps une évolution de la législation en fonction  de l’évolution des mœurs voire même des religions.

Mais quelles que soient les solutions adoptées, il ne faudra jamais oublier l’intérêt des enfants.

 

Au cours de leurs réunions, les membres du CRI auraient adopté, ce qui est rare, car le plus souvent, dans nos débats de société nous optons pour une décision univoque, pour deux des solutions exposées ci-dessus à équivalence : le référendum ou le mariage classique avec amélioration du Pacs.

Ce n’est pas la solution apportée au débat par l’Assemblée Nationale.

Nous en prenons acte.

Mais nous pensons que ce débat n’en est pas terminé pour autant. Il aura un futur, ne serait ce qu’en raison des problèmes de conception, d’enfantement, de filiation, de transmission de patrimoine, d’identité personnelle, de recherche de ses origines, de foi religieuse et de philosophie  que le mariage pour tous va inévitablement apporter.

C’est la raison pour laquelle nous avons voulu donné notre opinion sur le sujet, même tardivement.

 

Les membres du CRI

Septembre 2013

 

 

 

 

 

 

Articles dans la même catégorie :