LA FRANCE A T-ELLE BESOIN DE CONFORT?

Hélas, la réponse n’est pas simple. Et la cause se trouve – comme souvent – dans l’ambiguïté des mots, ici du mot « confort ».

A l’origine le verbe latin « comfortare », signifiait « fortifier » quelqu’un physiquement et moralement. D’où l’utilisation de ce mot surtout pour consoler une personne dans une situation difficile. Ce sens lié au mot « confort » n’a pas disparu aujourd’hui où on le trouve régulièrement surtout dans le domaine de la santé – par exemple dans les soins palliatifs – pour l’apport du « confort » physique et psychique.

Appliqué à la France on pourrait dire que celle-ci se trouve dans une situation difficile, qu’elle paraît affaiblie, et qu’elle aurait donc besoin de consolation et qu’on lui apporterait des fortifiants. Resterait la question : à quel saint se vouer, quel consolateur et quel fortifiant choisir ?

D’autre part, il ne faut pas oublier que la signification du mot « confort » a évolué depuis des siècles, en mettant l’accent plus sur le côté physique, le corps, et un sentiment de situations agréables possibles sans que le corps fasse des efforts pour y arriver (sensation de « bien-être »). Ainsi il y a des meubles « confortables », et des techniques de la modernité qui nous rendent la vie plus agréable, sans effort de notre part. Nous sommes donc habitués à associer le confort avec moins de force de notre part. Au lieu de demander plus de force pour faire un effort, nous souhaitons au contraire être libérés des efforts.

C’est ainsi que la demande de « confort » change totalement de nature quant à notre attitude envers la nécessité à faire des efforts nous-mêmes. Il est certain, qu’appliquée à la France, une demande de « confort » sans effort personnel, reste très populaire, plus avouée par la jeune génération que par celle des séniors.

De quel confort la France aurait- elle donc vraiment besoin ?

Compte tenu que l’activité économique, la vie en famille, la vie sportive et artistique, l’apprentissage théorique et pratique, l’engagement pour préserver l’environnement, les soins pour les malades, le dialogue et le compromis politique, finalement la vie heureuse, ont tous besoin de nos propres efforts, la réponse est claire : La France a besoin de confort dans le sens originel.

La société française, fragmentée, en perte de référence et sans vision partagée et sans « idéologie » collective a besoin de responsables qui « consolent » leurs concitoyens, en montrant par leurs propres comportements, que la France peut sortir de la crise, en travaillant ensemble d’une façon pragmatique (donc non-idéologique), en n’excluant personne de la recherche de solutions concrètes, et en nous convaincant que chacun doit faire des « efforts » pour y arriver.

La France a donc besoin de « confort » qui ne passe pas par le « confortable ».