LA SANTE MENTALE EN FRANCE

Publié le 27 janvier 2025

 

 

Mal connue du grand public, la santé mentale est en réalité un problème très important qui a attiré l’attention du CRI en raison des chiffres impressionnants caractérisant tout ce groupe de pathologies allant de troubles légers jusqu’aux plus graves, incluant la problématique des suicides.

Selon l’OMS, un européen sur 4 est touché par des troubles psychiques au cours de sa vie. En France, on estime que 15% des 10-20 ans ont besoin d’un suivi ou de soins.

Autres chiffres :

  • 7,5% des Français âgés de 15 à 85 ans ont souffert de dépression au cours des 12 derniers mois.
  • 9 300 suicides et 200 000 tentatives de suicide par an, soit 24 décès par jour.
  • La psychiatrie représente 2,4 millions de personnes prises en charge en établissement de santé. Pour mémoire, les médecins psychiatres sont environ 15 000 en France pour les prendre en charge soit 14 psychiatres pour 100 000 habitants (30 pour 100 000 en Norvège et 41 pour 100 000 à Monaco, le taux le plus haut du monde).
  • Les troubles mentaux représentent le premier poste de dépenses du régime général de l’Assurance Maladie.
  • En juillet 2021, les syndromes anxieux ou dépressifs, souvent associés entre eux, concernent 16% de la population âgée de 16 ans ou plus, 12% des hommes et 19% des femmes et plus d’un quart des femmes âgées de 16 à 24 ans sont concernées par l’association de ces deux symptomatologies.
  • On estime que 4,4% des 10-14 ans et 5,5% des 15-19 ans souffrent d’un trouble anxieux.

La psychiatrie de l’enfance et de l’adolescence a été très longtemps ignorée et il n’y a en France qu’environ 2000 pédopsychiatres, ce qui est notoirement insuffisant.  En parallèle on retrouve environ 84 000 psychologues (ceux-ci ne sont pas médecins et ne peuvent pas prescrire de médicaments).

Bien que non spécialistes de ces pathologies, nous en constatons la progression ce qui nous pousse à en analyser les causes.

Historiquement, la définition de la bonne santé a été définie par l’OMS en 1946 comme « état complet de bien-être physique, mental et social » ce qui va au-delà de la simple absence de maladie ou d’infirmité. C’est seulement dans les années 1990 que le terme de « santé mentale » sera utilisé de manière plus fréquente.

Il existe beaucoup d’ouvrages sur le sujet mais il en existe un de référence écrit par Astrid Chevance, « En finir avec les idées fausses sur la psychiatrie et la santé mentale » qui analyse 70 idées reçues sur la santé mentale.

Cet état préoccupant, gangrène toute notre société à tout âge, affectant nos familles, la vie sociale et participe à la dégradation de notre économie.

Aux USA, on investit dans des startups pour lutter contre la progression de la mauvaise santé mentale. En 2020, cet investissement a progressé en 2020 5,5 fois plus que durant les quatre années précédentes.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

En ce qui concerne les jeunes, de nombreux facteurs entrent en cause :

  • L’enfermement et la non communication ; celle-ci entraîne la paupérisation du langage et de ce fait l’impossibilité de bien verbaliser les périodes de mal être.
  • Le harcèlement scolaire ou extrascolaire.
  • L’enfermement va se cristalliser sur les écrans, les réseaux sociaux et les activités de canapé.
  • La perte des valeurs cardinales d’une société se diluent dans les valeurs virtuelles des jeux vidéo, des communautés numériques voire d’une certaine utilisation nocive de l’intelligence artificielle.
  • Le rôle éducateur et protecteur de la famille s’est réduit avec le temps et celle-ci n’est plus capable d’enseigner la résilience devant les problèmes de la vie.
  • L’irréligiosité comme l’intégrisme religieux ont certainement joué leur rôle et la morale laïque n’a-t-elle plus son aura éducative comme elle l’avait autrefois.
  • Tout ceci va finir par engendrer de l’anxiété et de la dépression, voire plus comme de la violence ou des comportements asociaux car les jeunes ne trouvent plus les solutions à leur questionnement sur ce qu’est la vie puisque la vie, ils ne la vivent plus normalement.
  • C’est la raison pour laquelle la recherche des paradis artificiels apportée par la drogue leur semble une solution alors que la consommation de ces produits entraîne avec le temps un surcroît d’anxiété et de dépression. Le serpent se mord la queue.
  • Chez les adultes, on retrouve tous ces problèmes d’anxiété et de dépression qui peuvent la suite des situations troublées de l’enfance et l’adolescence en y ajoutant des problèmes plus spécifiques de l’adulte comme les problèmes relationnels dans le milieu professionnel ou dans la vie affective, la perte d’emploi, l’accident ou la maladie grave, la paupérisation intellectuelle, le manque de moyens financiers, et d’une façon plus générale la crise existentielle. Les chaînes d’information, ne diffusant en permanence que de mauvaises nouvelles participent activement au développement du mal être. Il devient difficile aujourd’hui de trouver du positif dans le monde qui nous entoure, montrant ainsi qu’il n’existe pas de dichotomie entre les faits de société et la santé mentale.

A l’acmé de ces problèmes se retrouve le suicide.

En 2020 en France il y a eu 9 000 décès par suicide et 200 000 tentatives de suicide (TS)

Il concerne surtout les hommes, 3,7 fois plus chez les hommes. Les TS sont plus fréquentes chez les femmes. La part de suicide dans la mortalité globale est nettement plus élevée chez les jeunes des deux sexes que chez les personnes âgées. Entre15 et 24ans, le suicide représente la 2ème cause de mortalité dans cette tranche d’âge.

Notre société change. Le climat social très particulier provoqué par la COVID 19 a vraisemblablement accentué les choses. En conséquence, la consommation de médicaments antidépresseurs et tranquillisants est élevée mais reste loin de la plupart des pays du Nord. La plus forte consommation se retrouve en Islande. Il est vraisemblable que le manque de luminosité joue un rôle important dans ce phénomène, on le vérifie régulièrement dans les pays scandinaves.

La consommation de ces produits peut devenir addictive.

La santé mentale n’est plus un tabou. C’est un bien qui nous est donné à la naissance et que l’on doit préserver au maximum. L’OMS s’en préoccupe depuis 1946, même si certains comme Clifford Whittigham Beers (1876-1943) en a pris conscience depuis plus longtemps encore dans son ouvrage autobiographique paru en 1908 et dans sa pratique en hôpital psychiatrique. 

Notre société en prend maintenant bien plus conscience y compris dans les milieux non médicaux. Un grand mouvement international comme le Rotary International et son Président en a fait sa cause première d’action dans le monde en 2024 et dans son Discours de Politique Générale du 14 janvier 2025, notre premier ministre François Bayrou en a fait une cause nationale.

Pouvons-nous nous attendre prochainement à des progrès dans la prise en charge de la santé mentale ? Il faut l’espérer. Mais s’il faut que la société se charge d’améliorer son cadre général de vie, il faudra aussi trouver très vite des solutions pour augmenter le nombre de ceux qui soignent le mal être de notre société, à savoir les psychiatres et les psychologues.

 

 

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