LA LEGION D’HONNEUR: POUR QUI ? Janvier 2005

Publié le 13 mai 2013

Nos vertus ne sont pas plus désintéressées que nos vices, aussi sont-ils légion ceux qui prétendent au mérite.

 

Le Général de Gaulle affirmait: « Chaque français s’efforce d’obtenir pour lui-même un ou plusieurs privilèges ; c’est sa façon d’exprimer sa passion pour l’égalité ».

 

Quant à Napoléon 1er, en instituant l’ordre de la Légion d’Honneur en 1802, il déclarait: « le peuple a deux passions puissantes, c’est l’amour de l’égalité et l’amour des distinctions, dont les français sont affamés ».

 

Les premières remises de cet ordre ne sont intervenues qu’en 1804, deux ans pour vaincre les résistances des tenants de l’égalité absolue, principes posés par la Révolution qui avait

supprimé tous les ordres de chevalerie et les décorations le 25 octobre 1793.

 

Mais la passion des distinctions s’est affirmée par la création d’ordres spécialisés : les Palmes Académiques en 1908, le Mérite Agricole en 1883, le Mérite Maritime en 1930, les Arts et les Lettres en 1957.

 

Soucieux de conserver à la Légion d’Honneur la grandeur qui lui revient, le général De Gaulle instituait le 9 décembre 1963 le Mérite National, l’ordre de la Légion d’Honneur ne devant être consacré que pour « les seuls mérites éminents rendus à la Nation ».

 

De ce fait le nombre de légionnaires a notablement diminués, grand est donc notre étonnement devant la grande braderie des remises actuelles.

Effectivement nous constatons que cette haute distinction semble souvent décernée selon des critères qui s’apparentent davantage de la Médaille du Travail, c’est à dire à l’ancienneté et non pour « mérites éminents rendus à la Nation », mérites qui de ce seul fait ne peuvent être qu’exceptionnels.

La récente promotion du 1er janvier 2005, illustre parfaitement les propos d’Antoine BRETqui déclarait: « on nuit plus au progrès de l’esprit en plaçant mal les récompenses qu’en les supprimant ».

 

Aussi nous avons reçu avec reconnaissance les déclarations récentes de la chanteuse Françoise Hardy qui, à l’occasion de la sortie de son album « Tant de belles Choses », nous a appris qu’elle avait décliné la Légion d’Honneur considérant qu’elle n’avait pour seul mérite que celui d’avoir exercé une profession qui lui avait apporté beaucoup de bonheur.

 

Allons plus loin , puisque le règlement de cet Ordre stipule que le légionnaire est nommé à vie, sauf s’il est frappé par une mesure disciplinaire ; aussi devons nous regretter que les

titulaires de cette haute distinction , qui viennent à manquer à la devise de l’Ordre: « Honneur et Patrie » n’en soient pas déchus.

 

Ainsi entre autres, devraient être frappés d’indignité, ceux qui se soustraient au premier devoir du citoyen, l’acquittement de l’impôt national, puisque le « déserteur fiscal » prive la Nation de sa participation financière et porte préjudice au crédit de la France à l’étranger.

 

Ainsi entre autres également devraient être sanctionnés les sportifs qui en pleine possession de leurs moyens, préfèrent défendre les couleurs d’un club plutôt que celles de leur Patrie.

Ainsi entre autres enfin, devraient être sanctionnés tous les légionnaires convaincus de corruption.

 

Recentrer la Légion d’Honneur sur la notion de « mérite éminent » nous apparaît être de la plus haute politique dans notre société où triomphe les individualismes de tout acabit.

Il convient de redonner aux citoyens le sens des valeurs nationales qui soient incamées par une élite morale à donner en exemple à la jeunesse de notre pays.

L’ordre de la Légion d’Honneur pour services rendus à la Nation, non à la personne, doit constituer cette Tribune des vertus républicaines à condition que l’esprit et la lettre de sa devise « Honneur et Patrie » soient jalousement respectés.

 

 

 

Janvier 2005

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