LE GRAND CIRQUE AVRIL 2009

Publié le 16 mai 2013

Ces temps-ci, les cirques sont à la mode, Zavatta, Bouglione, Gruss ; chacun dans un style différent mais talentueux. Est-ce leurs prestations qui font des émules dans l’hémicycle parlementaire, où se déchaînent, sur les bancs, des jeux de contradiction, d’agitations républicaines -qui n’ont de républicain que le vocable- où chacun joue au clown et avec quel talent !

 

Quel spectacle affligeant que celui que nous donnent ces élus qui, agitant des mouchoirs, gesticulent avec sectarisme en faisant tourner en vain les moulins de leurs greniers vides de toute provende pour se donner en spectacle sous l’œil complaisant des caméras !

 

En apothéose, après s’être invectivés avec sectarisme, les voilà qui quittent en vociférant les gradins, descendent les travées non sans avoir au passage, jeter un œil noir de taureau qui va affronter –on ne sait quelle corrida- pour une mise à mort virtuelle. « Les taureaux s’ennuient le dimanche » chantait Gilbert Bécaud.  Vu la frénésie de leur élan, il n’y a pas de jour du Seigneur à l’Assemblée Nationale. « Et par dessus tout ça, on vous donne en étrennes » de la République, à s’en gargariser, à vous en donner un haut le cœur !

 

Notre écœurement n’a d’égal que notre révolte face à tant d’inconscience, tant d’absence de civisme, devant cette rouille qui ronge tous les rouages de notre démocratie de sorte que nous avons perdu toute confiance dans nos destinées politiques. Et l’on entend le tocsin qui sonne à toute volée le déclin de notre République défunte.

 

Une République qui tombe en capilotade comme la nôtre n’est plus que virtuelle. Une illusion dramatique pour les ressorts de notre régime politique où les plus gros -une petite élite feudataire- s’engraissent toujours davantage au détriment de la classe moyenne qui porte un fardeau de plus en plus lourd et onéreux.

 

Ce n’est plus le cirque, on est passé à l’ère des guignols qui, ici, portent si bien leur nom et traduisent fidèlement la mentalité actuelle. A des années lumière de notre foi démocratique, si loin de la Vertu, qui selon Montesquieu était le ressort de l’Institution, celle qui donne au corps de la Nation française cet esprit républicain incomparable aux yeux de toutes les Nations.

 

Le partage n’est plus notre vertu cardinale.

 

On se croirait revenu à l’Ancien Régime dont la Révolution semblait pourtant avoir fait « table rase », ad vitam aeternam.

 

Non décidément, rien ne tourne plus rond dans ce monde penché sur son nombril où les intérêts particuliers triomphent de l’intérêt général, autrefois si prisé de nos grands hommes. On ne s’écoute même plus, c’est l’individualisme forcené jusque dans l’hémicycle des représentants du peuple.

 

Et comme très souvent en politique, le comportement personnel n’est pas sans arrière-pensées, l’esprit de secte manichéiste l’emporte sur le devoir de représentativité des électeurs.

 

 

Serge THIBERS,

Le 21 avril 2009.

 

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