L’ABSTENTION FLEAU ELECTORAL

Publié le 15 juin 2015

 

Lors du renouvellement des conseils départementaux,  près de la moitié des électeurs inscrits (49.83 % au premier tour, 50.02 % au deuxième tour) ne sont pas allés voter et ce, malgré la proposition nouvelle de parité de candidats (homme-femme).  Ce phénomène de l’abstention reste donc plus que jamais préoccupant car ce résultat semble le diagnostic de la dépression d’une nation souffrante, découragée qui doute d’elle-même et de son avenir. 

Rappelons-nous, c’est essentiel,  que le suffrage universel est une des formes achevées de la démocratie. Alors, cet éloignement des urnes, cet abandon du devoir civique, ce refus de participer au présent et à l’avenir de notre société, quelles en sont les raisons ?

 

L’abstention, c’est le résultat du divorce entre les gouvernants et les gouvernés.

C’est le constat que le train des vraies réformes tourne au ralenti. Aujourd’hui, au sein même du pouvoir divisé, les réformateurs convaincus affrontent les temporisateurs qu’effraie la réaction de la rue et des syndicats.
C’est la conviction que tant que perdurera, irréformable, le système archaïque de l’Etat redistributeur, dispensateur et subventionneur, seul l’impôt colmatera le gouffre d’un social sans fond tant que faire se peut.
C’est la conviction que la perte de la maitrise de notre déficit public nous interdit toute marge de manoeuvre et ne permet pas d’espérer une baisse des impôts  qui libérerait les énergies et favoriserait la croissance et la baisse du chômage.
C’est aussi le résultat de la professionnalisation des fonctions politiques qui posent  beaucoup de problèmes  en donnant la priorité à l’ambition personnelle avant l’intérêt général, situation aggravée par celui de la multiplication de ces fonctions. Qu’ils soient de droite, de gauche, aux affaires ou dans l’opposition, vouloir « châtier l’adversaire »,  le harasser sans relâche, le dénoncer sans preuves, ce n’est pas servir le débat, c’est desservir la démocratie, c’est porter un coup à la politique, à la République. Nous avons envie d’interpeller nos parlementaires : « Mesdames et Messieurs, ne cédez pas aux facilités rhétoriques et aux comportements à visée scénique, cessez les excès de tous ordres,  débattez dignement, montrez l’exemple ». 


Le refus de voter est la conséquence de l’absence de civisme et d’altruisme.

L’abstention, cette défaillance citoyenne, est le résultat du sentiment anémié et peut-être même en voie de disparition, chez certains de nos concitoyens, d’appartenir à une nation, qu’elle soit d’origine ou d’adoption.
Elle est la conséquence de l’absence  du sens aigu du civisme et de l’altruisme dans le comportement et l’esprit d’un nombre de plus en plus important de Français et tout particulièrement des jeunes générations. Aujourd’hui, nous le constatons tous, le civisme est une vertu qui n’apparait plus nécessaire. Nous évoluons dans une société permissive, sans exigence morale, sans dignité, sans âme et sans appétit spirituel. Seules semblent compter les libertés individuelles, l’ignorance et l’indifférence d’autrui, la recherche du bien-être personnel  quel qu’en soit le prix, la démotivation pour le travail au profit des loisirs. Ce rejet des valeurs anciennes ne permet plus de distinguer, des  plus humbles  aux plus grands, ceux qui contribuent à l’enrichissement du patrimoine collectif, à l’amélioration de la vie sociale, au progrès de l’humanisme et de la démocratie. Le civisme commence avec la prise de conscience des devoirs liés à la vie en collectivité, en se sentant responsable de son bon fonctionnement  dans le respect de l’intérêt collectif et  en adhérant activement aux valeurs qui fondent la République. L’enseignement civique non dissociable de la morale et du respect  doit donc être dispensé dans les écoles dans le prolongement de l’action de la famille et devenir une matière réellement enseignée.

 

A quand la prise en compte des votes blancs ou nuls ?

Enfin, l’abstention peut être aussi une réaction des citoyens hésitants ou mécontents  des propositions faites. Ils utilisent alors le vote blanc ou le vote nul comme moyen d’expression. Mais tant que ces bulletins ne  seront pas considérés comme une volonté de refuser le choix proposé parce que celui-ci ne leur convient pas ou comme  la manifestation de leur mécontentement, ces citoyens « rebelles » auront le sentiment de n’être pas entendus ou même considérés et n’iront pas voter.
Nous  souhaitons apporter une solution à cette exigence fondamentale  de la participation du citoyen à l’ordre républicain donc au maintien de la démocratie. Nous devons exiger de nos dirigeants de faire preuve d’exemplarité,  de rétablir l’esprit civique, de comptabiliser les votes blancs et nuls par respect des électeurs-citoyens, d’engager une véritable réforme de nos institutions en réfléchissant entre autres à la durée des mandats, à la limitation de leur nombre à n’importe quel poste  de responsabilité (national, communal, intercommunal etc.) et à la restriction de leur renouvellement.

 2 juin 2015

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