LE CHÔMAGE: A T-ON TOUT ESSAYE ?

Publié le 2 mars 2016

 

Lorsque nos canaux s’envasent, lorsque leurs berges s’effondrent et rendent la navigation impossible, il est vidé de son eau et on dit alors que le canal est au chômage.

Il en est de même pour les entreprises qui n’ont plus de commandes, elles se vident de leurs salariés et elles se trouvent au chômage, tout comme eux.

On connaît bien les remèdes à apporter pour remettre le canal en bon tat de fonctionnement: désenvaser, obturer les fuites, remettre les berges en état, etc..

Mais qu’en est-il des entreprises? Nous avons assisté à l’effondrement de notre sidérurgie, de la machine-outil, de l’électronique, du textile, de l’agriculture et bien d’autres.

 

DES CHIFFRES VERTIGINEUX

On observe, mois après mois, que la courbe du chômage ne cesse de monter, symptôme significatif du déclin de notre industrie. Les chiffres de celui-ci  varient selon les critères de calculs, mais, toutes catégories confondues, nous sommes aux alentours des 6 millions de chômeurs, rien que 75000 de plus rien qu’au dernier trimestre 2015, soit 21% de la population active.

Hormis une accalmie en 1988, il n’a fait qu’augmenter depuis .

Ce qui est très étonnant, c’est que certains pays comme l’Espagne arrivent à endiguer le chômage alors qu’ils étaient plus mal que nous économiquement parlant. D’autres, au contraire, parviennent à conserver des taux de chômage au plus bas alors que notre pays n’arrive pas à regagner les rangs de ceux qui, ayant connu la même crise mondiale que nous, s’en sortent  mieux .

Se pose donc la question de savoir si nous avons tout essayé pour casser la courbe sans cesse montante de ce fléau qui plombe notre société.

Certainement non.

 

LA  RICHESSE  VIENT  DE L’ENTREPRISE

Nous devrions d’ailleurs parler moins chômage que bonne santé de nos entreprises qui sont seules à créer de la richesse dans la nation, laquelle permet ensuite de payer le social et le culturel que nous estimons devoir maîtriser.

La bonne santé de l’entreprise se mesure au volume de son carnet de commande. Une baisse de celui-ci  entraînerait rapidement une dégradation financière de celle-ci avec des risques considérables pour sa survie.

On a coutume de dire, dans les entreprises, que le personnage le plus important est le client. Or, que font les clients placés devant un choix d’achat, qu’ils soient des individus, des entreprises, des associations, ou des services publics, ils décideront toujours pour le moins cher à qualité égale.

Les entreprises sont soumises à une concurrence féroce et permanente, d’origine internationale.

Et c’est ici que les conditions de la concurrence sont très différentes selon l’origine des produits.

La France peut s’enorgueillir de posséder le système social le plus perfectionné au monde, mais il est financé par des prélèvements sociaux sur les entreprises qui multiplient par un facteur deux le coût de la main d’œuvre, donc des produits finis.

Voilà la cause essentielle de l’enlisement de notre économie.

 

DES  REMEDES  POUR L’EMPLOI

Un des remèdes  paraît simple: diminuer la charge financière de la protection sociale qui pèse sur les entreprises de façon significative en agissant dans deux directions:

– faire porter la charge du financement de la protection sociale par le plus grand nombre par le biais de la TVA ( dite « sociale »).

– réduire le montant des dépenses sociales   coupant court aux abus et aux situations de rente.

Mais d’autres solutions pourraient  être utilisées pour améliorer le « rendement  » des entreprises:

– faciliter, via le code du travail, une meilleure adaptabilité des effectifs et des horaires au fonctionnement réel de l’entreprise.

– une idée fréquemment évoquée: la taxation supérieure des produits importés d’Europe ou hors d’Europe, en particulier des pays ne respectant pas les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce(OMC).  Ils sont 162 (dont la Chine et la Russie), qui,  bien que faisant partie de l’OMC n’en respectent  pas les règles de façon régulière.

                Mais la réglementation en cours, signée et ratifiée par la France depuis longtemps  (General Agreement on Tariffs and Trade (GATT,1948),  depuis 1995 OMC, Traité de Rome de 1957) nous interdit de faire du favoritisme national sauf exceptions, comme par exemple: défense nationale, clause de sauvegarde, risque de santé publique.

En cas de non respect de ces clauses, nous risquons d’être sanctionnés par l’Organe de Règlement des Différents (ORD) à Genève.

Cette taxation est donc une fausse bonne idée à moins de tout changer sur le plan politique mondial.

                Ces réglementations nous (les acteurs économiques et l’état) autorisent par contre à pratiquer du patriotisme économique via le  marketing et de la promotion de nos produits. Sont-ils, par contre, suffisamment développés ?

– faciliter l’apprentissage en entreprise et l’enseignement technique toujours dévalorisé par rapport à                 l’enseignement classique sans oublier celui des langues étrangères.

– promouvoir l’enseignement de l’économie.

– aider au développement de la recherche appliquée et des industries à haute valeur ajoutée, donc                sans ou seulement faible concurrence.              

– amélioration des circuits commerciaux et après- vente, souvent jugés peu compétents à l’étranger.

– aide à l’exportation en favorisant les accords commerciaux entre la France et les pays étrangers par nos représentants nationaux et privés  ou d’assurance des transactions (amélioration de la garantie de la Coface).

– amélioration de la vie syndicale dans le sens d’une meilleure représentation des travailleurs, d’un véritable travail avec les dirigeants en cas de difficultés au lieu d’aller au conflit pouvant dans certains cas amener la fermeture d’un site industriel (affaire Goodyear par ex.)

– expérimentations diverses comme, par exemple:

                . création de zones franches à l’échelle d’un département sinistré au lieu de le faire de façon                              trop limitée à quelques communes.

                .réduction de l’éventail salarial entre les plus bas salaires et ceux des équipes dirigeantes permettant ainsi d’inciter les chômeurs à regagner les rangs des travailleurs plutôt que de rester dans l’inactivité au motif que travailler n’est pas rentable en raison du montant des indemnités allouées très proches des rémunérations antérieures.

                . création d’un smic à double niveau de rémunération:

                               smic de niveau I pour les personnes sans qualification aucune ou très basique.

                               smic  de niveau II pour les  formations et compétence un peu plus élevées (ex: cursus                                             scolaires interrompus sans diplôme)

– éviter le départ des jeunes cerveaux à l’étranger (500 000 depuis 2012 à l’heure actuelle).

– trouver les moyens de mettre à disposition des entreprises les  migrants selon modalités à définir (temps de travail limité en durée, rémunération spécifique, protection sociale etc..)  plutôt que de les laisser dans l’inactivité.

– limiter des charges comme celles  dévolues  à la formation professionnelle (32 milliards) dont le crédit gagnerait à être plus transparent afin de s’assurer qu’il soit bien affecté à cette formation et non distribué aux syndicats.

– limiter la fiscalité sur le capital comme la taxation des plus-values lors de la vente d’actions, ce qui freine leurs échanges, et, d’une certaine manière le développement économique en décourageant les investisseurs qui vont les trouver trop chères.

 

 

 

LE  RÔLE  DE  L’ETAT

L’Etat a bien évidemment un rôle à jouer.

Nous pensons que le manque d’entrain à lutter contre le chômage vient d’une politique selon laquelle l’Etat, lorsqu’il a besoin de vivre et de faire vivre ceux et celles qu’il entretient ne sait faire qu’une chose: augmenter impôts et taxes, en oubliant complètement ceux qui gagnent l’argent de la France ou lui donne à manger, autrement dit ceux du monde de l’entreprise (industrielle ou agricole).

Pour revenir à nos canaux, tout se passe comme si l’Etat faisait payer péage maximum aux écluses sans se soucier de l’état des bateaux, des installations fluviales et de  la santé économique des bateliers.

Notre pays a du mal de s’affranchir d’une vieille tradition politique française qui valorise presqu’exclusivement l’Etat et dévalorise, et parfois même méprise, l’activité économique, soupçonnée d’être la source de tous les maux de la société, y compris dans la sphère écologique.

Il est vrai, en écoutant la parole de nombreux politiciens d’aujourd’hui, que cet affranchissement se fait, mais plus volontiers en paroles qu’en actes.

La classe politique fait semblant de faire, tout en ne faisant rien, afin de préserver ses chances de réélection. Elle a inventé pour cela un nouveau concept qui s’appelle la communication pour mieux masquer son inertie.

Le rôle de l’Etat consisterait à promouvoir une réelle valorisation de l’activité économique, tout en faisant le nécessaire pour éviter la prédation de notre environnement.

Il devrait favoriser la liberté d’entreprendre, l’innovation, l’exportation, les financements, limiter la concurrence déloyale domestique et étrangère tout en protégeant les travailleurs.

Il devrait supprimer les fausses solutions comme les emplois aidés qui gonflent la fonction publique et tout le monde salarial qui vit de la redistribution (par ex: salariés associatifs) ce qui aggrave le déficit public.

Le problème des charges reste suraigu en France, mais la diminution du chômage donc l’augmentation de la consommation et l’amélioration du commerce extérieur devrait permettre à l’Etat de vivre normalement par récupération de la fiscalité sur la consommation.

Nos politiques ont donc de quoi faire pour sortir de notre paralysie mortifère dans un monde où ils se préoccupent avant tout de leur propre avenir et ne peuvent avoir le courage de mettre en place des remèdes douloureux peut- être, mais salvateurs à long terme.

Cette question, qui est la même pour tous les grands pays démocratiques, a été étudiée par un prix Nobel d’économie américain il y a déjà plus de 30 ans.

Elle consiste, afin d’échapper à la tyrannie du statu quo engendrée par la peur des élections à venir, à prendre les décisions importantes dans les 100 jours qui suivent l’élection à la Présidence de la République. Après, il est déjà trop tard.

 

Nous n’avons donc pas tout essayé pour lutter contre le chômage. Il nous reste encore une année à attendre, en priant que le nouveau locataire de l’Elysée aie les idées et le courage de mettre en œuvre les réformes indispensables dans les 100 premiers jours de son mandat.

 

CRI www.criternet.fr

 

 

 

 

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