DAS KAPITAL (KARL MARX 1867)

Publié le 11 janvier 2018

« Le capital ! au lieu d’écrire le capital, Karl ferait mieux de s’en constituer un, de capital ! » répétait sa mère juive. Et elle avait bien raison, car d’une certaine manière, le capital est à la fois un gage de sécurité et une véritable liberté permettant de nombreuses initiatives ;  c’est surement la raison pour laquelle chacun rêve ou s’efforce  d’en posséder.

En donnant un caractère historico-scientifique à ses travaux, Karl Marx a fourni les concepts de base à une révolution sociale gigantesque. Accumulation du capital  chez les possédants, paupérisation des masses, déterminisme historique, lutte des classes,  devinrent les outils intellectuels justifiant  une révolution dont le moteur est en permanence  alimenté par l’envie et la jalousie humaines.

Et l’auteur avait vu juste, conscient d’avoir produit «  certainement le plus redoutable missile qui ait été  lancé à la tête de la bourgeoise ».

Où en sommes-nous aujourd’hui, 150 ans après la parution du tome 1, et 100 ans après la prise du pouvoir par les révolutionnaires bolcheviques en Russie ?

Le système économique fondé sur la propriété des biens de production par  l’Etat s’est révélé être une catastrophe économique et humaine sans  précédent, au bilan 100 millions de morts sur la planète selon les historiens*.

Il reste aujourd’hui que la question de la répartition de la richesse est toujours  posée, et contrairement aux possédants du XIX ième siècle qui exposaient leur réussite dans de somptueuses demeures, les riches d’aujourd’hui dissimulent leur fortune dans les paradis fiscaux, pour mieux se soustraire à la jalousie destructrice.

Si le climat est favorable, l’apiculteur qui récolte le miel des abeilles s’enrichira et augmentera le nombre de ses ruches. Bien conscient de son intérêt,  il laissera suffisamment de miel aux travailleuses pour que la colonie reste forte, pour de meilleures récoltes futures.

La société humaine ressemble fort à celle des abeilles et toute croissance du patrimoine de  l’entreprise reste la propriété exclusive du fondateur, la contribution des salariés  n’étant rétribuée que sous forme de salaire, le miel des abeilles nécessaire à leur existence. Certaines entreprises ont toutefois compris l’intérêt qu’elles avaient à rétribuer leur dirigeants salariés en parts de capital, afin d’augmenter leur motivation. D’autres encore ont favorisé l’actionnariat ouvrier afin de disposer d’une base d’actionnaires stables mieux capables de résister à un rachat hostile.

Mais cela reste marginal et force est de constater que les tribuns politiques de gauche savent encore rassembler et enthousiasmer les foules au poing levé, toujours au motif de la lutte des classes.

 Le général de Gaulle, bien conscient de la réalité des conflits sociaux, qui ont dégénéré en conflits mondiaux,  était très préoccupé à trouver une issue qui ramène la paix au sein de la nation.

 Son raisonnement était simple : pour exister, toute entreprise a besoin de capital et de travail.  Elle se développera grâce à cette combinaison et en particulier par le travail de ses employés. La croissance de l’entreprise se concrétisera par une augmentation du capital, mais au lieu de distribuer ce nouveau capital uniquement aux actionnaires initiaux, il faut le partager pour moitiés égales entre les actionnaires et les salariés. Cette proposition a porté le nom de participation.  De cette manière, chacun devient propriétaire d’une part de l’entreprise, à proportion de sa contribution. Fini le prolétariat, finie la lutte des classes.

La proposition de participation fut largement débattue et publiée, notamment dans l’ouvrage de Marcel LOICHOT* : la mutation ou l’aurore du pancapitalisme  au sujet duquel le général, s’adressant à l’auteur : « dans notre société industrielle, ce doit être le recommencement de tout, comme l’accès à la propriété le fut dans notre ancienne société agricole » Cette vue prophétique se heurta rapidement à deux camps opposés, mais unis politiquement dans la circonstance. Les syndicats tout d’abord ont immédiatement compris qu’ils risquaient de perdre leurs troupes,  leur existence ne reposant  que sur la rancœur et  toujours cette vieille lutte des classes, entrainant avec eux les partis politiques de gauche.

Les patrons d’un autre côté, parfois réticents à partager des revenus qui leur étaient versés intégralement, ont surtout compris qu’ils  perdraient une partie de  leur pouvoir de décision, avec l’émergence de nouveaux actionnaires.

Et là où l’initiative du général visait à établir la paix, chaque camp a préféré le statu quo conflictuel que nous vivons encore.

La participation était en quelque sorte un  antimissile destiné à détruire  le fameux missile que Karl Marx avait tiré sur la bourgeoisie de son temps en 1867. Malheureusement, cet antimissile a raté sa cible et a été dérouté sous la forme de « participation aux bénéfices de l’entreprise » selon la formule que chacun connait.

La gauche et une partie de la droite respiraient. Le président de la république du moment, avec sa morgue coutumière déclara, toujours pour alimenter la rancœur : « ce sont des sucettes jetées aux travailleurs ! »

Mais curieusement, le 15 octobre 2017, un homme, qui n’est pas gaulliste, a eu l’audace de  déclarer à TF1 : « Je souhaite que l’on puisse revisiter  cette belle invention gaulliste qu’est la participation et l’intéressement » et personne ne s’en est moqué. Vous ne devinez pas ? C’est le président de la République d’aujourd’hui. Alors, est-ce un miracle ou un mirage ?

*Le livre noir du communisme     Stéphane  COURTOIS  et al.   Laffont 1997     826 p.

* La  mutation ou l’aurore du pancapitalisme  Marcel LOICHOT  Tchou

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