LA NOSTALGIE N’EST PAS UN MODELE D’AVENIR
Publié le 16 juin 2018
La nostalgie est un sentiment de regret des temps passés auxquels on associe des sensations agréables, souvent à posteriori. Ces temps passés sont souvent idéalisés.
C’est ainsi que la notion de nostalgie est régulièrement définie. Et admettons-le, nous vivons en pleine ambiance collective de nostalgie. Or nous ne rêvons pas tous du même temps passé !
Certains ont la nostalgie de 68 et de « la convergence de lutte », d’autres rêvent de l’époque où la France était catholique avec ses multiples églises, chapelles et cathédrales. Certains ont la nostalgie de Napoléon et d’autre de Gaulle.
Une partie des Anglais ont la nostalgie du Commonwealth et ont voté le BREXIT, les Russes ont la nostalgie de l’empire du tsar (qu’il faut rétablir), les pays d’Europe Centrale ont la nostalgie de l’époque de leur première indépendance ; certains Allemands de l’Est ont la nostalgie du temps où une dictature communiste tuait au mur à Berlin, mais chacun avait un travail ; nombreux Américains ont la nostalgie du temps où les WASP (white anglo-saxon protestant) régnaient à Washington et ont élu Donald Trump. Beaucoup de Turc ont la nostalgie de l’Empire Ottoman et votent pour M. Erdogan. On pourrait continuer cette liste avec d’autres exemples, mais notre illustration parait suffisante.
Les exemples indiquent déjà que prendre un sentiment comme modèle politique de société pour le 21ième siècle, n’est pas seulement insuffisant, mais carrément dangereux. Pourquoi ? La construction de l’avenir ne doit pas se limiter uniquement à des sentiments, mais doit faire appel à la raison, à la lucidité, la capacité de l’homme de réfléchir, qui nous permettent, entre autres, de voir la réalité actuelle comme elle est, et non pas comme on aimerait bien, qu’elle soit en positif (regard « bisounours ») ou négatif (regard » tout fiche le camp »). Et comme les moments où nous sentons une nostalgie de notre enfance ne nous redonnent pas la jeunesse, le concept de nostalgie appliquée en politique ne peut que créer des leurres, des faux espoirs et des fausses solutions.
Les membres du CRI invitent le lecteur ou la lectrice de ces quelques lignes, de rester fidèles à ses valeurs (qui, elles, ne sont pas de purs sentiments et peuvent perdurer pendant des siècles), de les appliquer et vivre courageusement dans ce monde du 21ième siècle plein de bouleversements profonds, même si ceux-ci sont souvent douloureux et nous poussent vers une inutile nostalgie.