C’EST BETON

Publié le 11 septembre 2018

A propos du pont Morandi de Gênes

Le béton est un matériau de construction récent avec un peu plus d’un siècle d’existence. Merveille de la technique, il a permis de remplacer la pierre pour construire des ouvrages de grande dimension. Mais il présente une faiblesse notoire : la résistance en compression est excellente, mais la résistance en traction est en revanche très faible, d’où l’idée de renforcer la structure avec des tiges d’acier dont la résistance en traction et en compression est élevée.

Cerise sur le gâteau, le ciment très basique provoque une passivation de l’acier et protège ainsi les armatures métalliques de la corrosion.

Mais le monde n’est pas parfait, et il arrive que des fissurations se produisent, ou bien que le matériau soit poreux,  et que de l’eau puisse s’infiltrer jusqu’à être en contact avec l’acier, et la corrosion démarre, surtout si quelques ions chlore sont présents (eau de mer) ou si l’ambiance comporte du gaz carbonique. La corrosion produit de la rouille  qui augmente le diamètre des tiges de métal, provoquant une fissuration et un éclatement du béton au voisinage, tout en diminuant la section de métal résistante. Ajoutons aussi l’effet du gel et du dégel de l’eau pour élargir les fissures. Le phénomène irréversible s’aggrave en accélérant. Tout cela prend un certain temps, mais conduit inéluctablement à la ruine de l’ouvrage.

Les ouvrages en béton armé sont partout : des ponts par milliers, des immeubles et des bâtiment. A titre indicatif les USA produisent environ  80 millions de tonnes de ciment par an actuellement, la Chine 2 milliards, ce qui entraînera dans le futur d’inévitables  frais d’entretien gigantesques! Les modes de ruine du béton armé sont connus de tous les ingénieurs de génie civil, mais  contrairement au contrôle de nos véhicules automobiles, il n’existe aucun organisme de sécurité qui répertorie tous les ouvrages, et établisse un calendrier de visite avec un cahier d’enregistrement du diagnostic avec les recommandations de maintenance et d’entretien. On estime en France que 7% des 12000 ponts routiers présentent des risques d’effondrement.

En l’absence de contrôle des ouvrages, il sera prudent de vérifier l’élasticité du balcon sur lequel nous aimons faire la sieste, car nous n’aurons pas toujours la chance de cette duchesse à Plombières dont le balcon s’écroula et elle tomba fort opportunément dans les bras d’un colonel qui passait par là.

Pour bien nous faire comprendre une vérité soit disant indestructible, il est courant d’entendre dire: « c’est béton ! ».

Quand on sait ce qu’on sait, on est de moins en moins convaincu.

 

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