AEROPORTS CONTESTES Nantes n’est pas seul

Publié le 6 octobre 2013

DU GACHIS EN PREVISION :  le projet de l’ Aéroport de Nantes.

Le 1er projet de construction d’un nouvel aéroport international à Nantes date de 1963.

Le Maire de Nantes, devenu 1er Ministre, veut mettre en chantier ce projet, qui lui est cher, dans une zone agricole à une vingtaine de  km au nord ouest de la ville. Il prétexte que l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique situé à 10 km au sud de la ville est saturé, et dangereux car de nombreux avions survolent le centre-ville à basse altitude pour atterrir. Mais il n’y a eu aucun accident à déplorer depuis  qu’il existe et l’aéroport de Nantes-Atlantique est classé « A » , c’est-à-dire sans risque particulier.  Il est certain que cet aéroport gêne le développement de la ville au sud. Peut-être y a-t-il là une explication à la volonté du Maire qui envisagerait une extension de la ville en créant des logements et des zones commerciales.

        Diverses études dont celle de la « Société CE Delft » estiment  que l’actuel aéroport  ne sera pas saturé avant 20 ans, si l’augmentation des passagers continue à croitre de façon modérée :  ce qui détermine la saturation d’un aéroport n’est pas le nombre de passagers, mais celui des mouvements d’avions (atterrissage et décollage)  et la capacité des avions est en croissance ; par contre les ravages de la crise et l’augmentation des impôts va sans doute freiner la courbe de demande de voyages ;  il y a quelques années, on a déjà vu la réduction du nombre des voyageurs sur les lignes moyens courriers  liée à la concurrence du TGV. C’est ainsi que la ligne Air France a été supprimée lors de l’ouverture du TGV  Nantes-Paris. En opposition à ceux qui pensent que l’actuel aéroport risque la saturation, on observe que celui  de Stuttgart qui ne comporte qu’une piste accueille plus de 10 millions de passagers par an, alors qu’à Nantes, en 2011, il n’y a en eu que moins de 4 millions.

            Enfin s’il y a un risque de saturation de la plateforme actuelle,  elle peut être aménagée :

–          Par la création d’une 2ème piste parallèle ou perpendiculaire à celle existante ; la création de cette seconde piste parait souhaitable aux pilotes pour fluidifier le trafic de l’actuel aéroport  qui n’en comporte qu’une.

–          Par l’amélioration des taxiways pour réduire le temps de parcours entre les pistes et l’Aérogare,

–          En implantant des radars d’approche plus performants.

–          En augmentant le volume d’accueil de l’aérogare et de ses parkings pour autobus et voitures particulières ;

–          En améliorant les voies d’accès, et les transports en commun depuis le centre de la ville.

Parmi les critiques, du projet du futur Aéroport de Nantes Nord, situé sur la commune  de N.D. des Landes, on peut retenir :

–          La neutralisation de 1239 ha « d’emprise de concession aéroportuaire », et l’expropriation de 40 exploitants,

–          La grave perturbation d’une vaste zone humide, ce qui explique la colère des cultivateurs et des écologistes, dont certains estiment  Hollande  bien embarrassé, car il n’ose pas désavouer son premier Ministre.

–          La création d’un important complexe de nouvelles voies d’accès rapides, ferroviaires en particulier.

–          Enfin, le coût total du nouvel aéroport, selon le rapport de CE Delft, serait 4 fois plus onéreux que la modernisation des installations existantes : 1,081 milliards  d’euros. Et encore, ce devis qui date de plusieurs années doit-il être réactualisé. D’après le « Canard Enchainé », l’ensemble du projet , y compris les voies d’accès, serait évaluable à 4 milliards d’Euros, alors que le devis initial était de 556 millions d’euros.

Ce projet est basé essentiellement sur l’augmentation constante du trafic depuis 3 ans, mais il n’est absolument pas avéré que cette croissance du trafic se poursuivra à ce rythme. En plus, pour maintenir l’activité d’Airbus dans la région, il faudrait conserver le site actuel pour transporter des tronçons d’avions fabriqués près de Nantes  vers Toulouse. Les Responsables du projet s’y sont engagés. Il existera donc à terme 2 aéroports près de Nantes. La nouvelle installation prendrait le nom de Aéroport du Grand Ouest pour bien montrer qu’il desservira toute la région, c’est-à-dire la Bretagne et  les pays de la Loire, en évitant le survol de Nantes, mais en entrant en concurrence avec celui de Rennes situé à 80 km au Nord de Nantes. Il est certain que les travaux importants de création de cet aéroport nécessitera  temporairement une main d’œuvre abondante, comme d’ailleurs la modernisation de l’aéroport existant ;  mais il n’est pas certain  qu’il justifiera des créations d’emplois pérennes

Si J.M. Ayrault affirme que ce nouvel aéroport se fera, il n’en a pas fini avec de nombreux recours :

–          Le Conseil d’Etat contre le décret instituant un suivi de la concession de « Notre Dame des Landes »,

–          La cour européenne des droits de l’homme pour non respect du droit à procès équitable : « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et impartial » ; or, les militants  anti-aéroport contestent l’arrêt rendu suite à leur recours en annulation de la déclaration d’utilité publique de février 2008 autorisant la construction de l’aéroport du Grand  Ouest.

–          Devant la commission des pétitions du parlement européen :  « la pétition peut porter sur des affaires d’intérêt public… et peut prendre la forme d’un plainte ou d’une requête…. »

–          Et divers recours devant le Tribunal administratif de Nantes pour non respect de la Loi sur l’eau…

Enfin le rapport signale un fait étonnant : un ancien Préfet de Nantes ou des Pays de la Loire, qui aurait  soutenu ce projet, aurait quitté l’Administration préfectorale et aurait  ensuite été recruté par la Société Vinci Autoroutes, la maison mère : Société Vinci  (qui s’intéresse de près aux Aéroports de Paris)   aurait déjà été retenue pour la construction du nouvel aéroport, et le changement ou l’annulation du projet couterait sans doute très cher en dédits. La société de l’aéroport du Grand Ouest serait déjà prévue comme une filiale de Vinci.   Et  même des ministres de M. Ayrault critiquent ou même s’opposent à ce projet.

                        La France n’a pas le privilège  de travaux très onéreux qui n’évoluent pas  de façon  satisfaisante : le nouvel aéroport de Berlin, qui devait être inauguré en 2007, est toujours vide car de nombreux défauts ne permettent pas son utilisation en toute sécurité.

EN CONCLUSION, Une fois encore on constate que les hommes politiques de haut niveau rêvent de projets grandioses, sans connaitre le coût global définitif des opérations qu’ils  décident, d’autant que les devis des travaux publics sont toujours largement dépassés ;  la conséquence est facile à imaginer : les contribuables paieront puisque le Pays est ruiné. Il est vraiment facile d’engager de grands travaux et de les faire payer par les  autres.

18 Septembre 2013

 

Articles dans la même catégorie :