ANNIVERSAIRE TRAITE DE ROME
Publié le 17 avril 2017
60 ans de paix chez nous et personne n’en parle ?
En 1957 le traité de Rome renforçait le fondement de l’Europe.
Ce formidable projet permettait de faire se renouer des liens entre peuples qui peu de temps auparavant se faisaient la guerre mais aussi de créer un nouveau bloc solide entre celui de l’ouest, les Américains, et celui de l’est, l’URSS, et plus loin encore, l’Inde ou la Chine.
Mais ce projet, qui a donné de beaux et bons résultats, se voit maintenant depuis des années critiqué, voire rejeté (Brexit).
Il y a certainement une raison principale. Si l’Europe s’est construite essentiellement sur des structures économiques, c’est finalement par défaut.
Pourquoi ? Le projet européen était et reste un projet politique, mais qui souffre du fait que dès le début deux visions politiques concernant la forme politique finale de cette union pacifique s’opposent: celle d’une union en forme fédérale et celle en forme confédérale (ou « intergouvernementale » ou « Europe des Nations »).
Cette opposition en a fait échouer deux fois la création, via des traités européens déjà bien signés par tous les gouvernements concernés et des institutions/instruments politiques :
– D’une part, d’une armée européenne en 1954, proposée par le gouvernement français de l’époque, et dont la ratification du Traité la créant, a été rejetée par le parlement du même pays (donc la France)
– D’autre part d’une constitution européenne, dont la ratification a été rejetée par référendum en 2005 par une majorité de français et de néerlandais.
Apparemment c’est surtout autour du commerce et de l’argent que nous arrivons plus facilement à nous entendre.
L’opposition de ces deux visions politiques, encore présente aujourd’hui, portée par les « fédéralistes » et les « souverainistes » et la volonté d’avancer quand même avec la mise en place d’un processus pacificateur et intégratif (sans attendre qu’un jour, dans quelques décennies ou siècles , tous les pays se mettent d’accord sur la forme finale pour commencer le travail de coopération), ont fait naître une construction européenne caractérisée par le compromis et des structures institutionnelles hybrides, mêlant des éléments fédéraux et intergouvernementaux.
Ajoutons à cela l’accent donné à la dimension économique. Cela donne une lourdeur et une opacité des institutions dans leur fonctionnement mais aussi une dimension démocratique au niveau européen, renforcée par l’approche fédérale mais par contre affaiblie par l’approche souverainiste.
Ce manque de visibilité implique la tentation pour tous les gouvernements nationaux de présenter l’Europe comme bouc émissaire des problèmes internes des pays membres. Depuis des années beaucoup des gouvernements ont cédés à cette tentation, dont nous récoltons depuis les « fruits » sous forme de tous les mouvements « anti-UE ».
Mais il se peut aussi que l’Europe, sans qu’elle ne s’en rende compte, entre dans ce grand processus qui a touché au cours de l’Histoire pratiquement tous les pays, tous les royaumes, tous les empires, à savoir le cycle création, expansion, régression.
L’empire romain, l’empire de Charlemagne, l’empire arabo-musulman du Moyen Âge, l’empire ottoman, l’empire austro hongrois, l’empire russe puis l’Urss, le Commonwealth, des pays comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie et bien d’autres ont éclaté. D’autres ont failli le faire comme les USA avec la guerre de Sécession.
Tout se passe comme si après avoir été grand, on aspire à redevenir petit, replié sur soi et rejetant le monde extérieur, nouant uniquement des alliances d’opportunité quand le besoin s’en fait sentir.
Mais, quand on est petit, on se heurte à un double problème :
– Devenir une proie facile pour les gros surtout quand on ne dispose de rien comme ressources naturelles ou de moyens financiers obtenus par le commerce ou la manipulation de la finance.
– Devenir encore plus petit par réveil des minorités qui voudront à leur tour leur indépendance. Exemples : Catalans par rapport à l’Espagne, Corses par rapport à la France etc..
La formation de l’Europe avait cependant une particularité, elle se faisait de façon pacifique et démocratique !
Tous les pays et empires dont il a été fait mention ci-dessus se sont tous constitués par la mort de milliers de personnes au cours des conquêtes, des mises à sac de villes et villages, de tortures, d’actes de résistance et de représailles, de conversion religieuses forcées sans compter les viols et pillages en tous genres.
Mais l’individualisme et l’egoisme savent passer très vite du stade de l’individu à celui du groupe. Au sein d’un pays où de l’ensemble de plusieurs pays, les plus nantis préfèrent rester entre eux et ne pas donner à ceux qui ont moins. Cela est même vrai en France où les régions prospères n’aiment pas payer une fiscalité qui irait à plus pauvre.
Un minimum de solidarité, voire de Charité pour des peuples qui se réclament d’une tradition judéo-chrétienne, est indispensable.
Nous avons intérêt à faire l’Europe, vraisemblablement en en modifiant certaines choses mais pas l’essentiel, pour ne pas être trop petits face à des prédateurs gourmands et suffisamment solidaires pour faire face aux barbares modernes.
Pour conserver cet essentiel, il est indispensable que nous pensions à agir.
Comment?
L’Europe est une institution démocratique avec des députés que nous élisons.
A nous tous de faire pression sur eux comme nous savons le faire auprès des députés nationaux pour qu’ils prennent les décisions nécessaires à faire bien fonctionner l’Europe.
A nous également de monter les « manifs » ou grèves que nous savons très bien faire à l’échelon national, mais pas encore à l’échelon international européen !
A nos représentants syndicaux à se mettre à l’échelle de l’Europe !
A nos députés européens à travailler dans une transparence totale et à insuffler la respiration européenne mais aussi à nos médias à nous le faire savoir!
Nous avons tous à changer d’échelle dans l’intérêt de notre avenir au lieu d’effectuer des replis tactiques qui peuvent être un temps favorables mais qui ne nous ferons jamais devenir une grande nation parmi les plus fortes.
Et vous, candidats à l’élection présidentielle, avez vous pris la juste conscience du statut européen et de ce qu’il peut apporter à tous?