CREPUSCULE DES DIEUX AVRIL 2013

Publié le 16 mai 2013

Parmi nos dieux modernes, il y a les médicaments.

Dans les différents facteurs porteurs de l’allongement de notre espérance de vie, de notre confort d’existence, de la guérison de nombreuses maladies, ils ont un rôle capital à jouer.

Les français en sont les premiers consommateurs européens (127 € par an en moyenne) et pour certains, les premiers au monde (anxiolytiques).

En France, l’industrie du médicament a été très florissante : la recherche est très couteuse, et rare la découverte de nouvelles molécules. Elle fournit de nombreux emplois, bien qu’en baisse actuellement (-6600 emplois en 2012). L’obligation d’utiliser les médicaments génériques est un des facteurs de baisse du chiffre d’affaire des fabricants.

A ce jour, cette industrie voit mal son avenir, d’une part en raison de la conjoncture économique actuelle, d’autre part à cause de la mise au pilori de certains de ses produits, pas toujours très justifié, qui par effet de boule de neige met en cause toute sa production.

Souvenez vous : vaccin contre l’hépatite B et vaccin contre la grippe H1N1 fustigés, Médiator retiré de la circulation, Diantalvic soustrait des anti-douleurs, pilule de 3ème et 4ème génération déconseillées, pilule Diane retirée du marché, critiques violentes contre les statines (médicaments anti cholestérol)

Tous ces produits ont déclenché des « scandales sanitaires » et des mises en cause judiciaires à propos de leurs effets secondaires.

Compte tenu du fait que tous les médicaments, sans exception ont des effets secondaires, certains peu graves, d’autres dangereux, mais rares, allons nous dans les années à venir assister à un déferlement d’affaires sanito-judiciaires ?

Si cela est le cas, nous risquons de voir l’industrie du médicament régresser très loin en arrière, dévorée par les indemnités à verser aux victimes, les malades privés de nouvelles molécules capables de les traiter, et les médicaments voués aux gémonies, être désacralisés, au point de les rendre éminemment suspects aux yeus des patients et des médecins.

Si l’on veut éviter cela, il faudrait  que:

• Chacun admette que les effets secondaires sont des risques acceptés lorsque l’on se traite (plus un médicament est efficace, plus il comporte de risques), ce qui implique d’écouter les conseils de son médecin, de lire les notices contenues dans les boites de médicaments, d’en consommer le moins possible et de ne pas exiger de son thérapeute des traitements trop « forts » pour la gravité réelle de sa maladie.

• Le médecin et le patient doivent être prudent s en utilisant les associations de médicaments.

• Les laboratoires doivent collaborer honnêtement et efficacement avec les agences de surveillance sanitaire.

• Les agences de surveillance sanitaire fassent bien leur travail, ce qui implique l’absence de pression populaire ou politique, l’oubli de la pression médiatique, une enquête rigoureuse sur l’utilisation des produits en cause chez les différents spécialistes qui le prescrivent.

• Que la puissance publique prenne ses responsabilités : il faudrait arriver à définir à partir de quel niveau d’effets secondaires les médicaments doivent être retirés ou non du marché, et cela en fonction de la gravité de la pathologie à traiter et de la classe thérapeutique du médicament.

• Par exemple : dans quel pourcentage peut-on admettre que les médicaments anticancéreux provoquent des accidents graves ; si moins de 1% des patients , on autorise le médicament et les patients qui suivent le traitement le savent et l’acceptent ; si plus de 10% : retrait du médicament dès la fin des essais préliminaires ; ces seuils relèveraient des agences du médicament.

• Il faudrait aussi surveiller de beaucoup plus près les incitations à la consommation des médicaments, surtout en automédication, ce qui implique la suppression des publicités à la TV, et l’interdiction absolue de vente des médicaments par internet. Il paraît en effet insensé de s’attacher de façon prégnante aux effets secondaires des médicaments et d’un autre côté, d’en favoriser la dissémination sans grand contrôle dans le public.

 

• Il faudrait aussi éviter de banaliser l’utilisation des médicaments, 3 exemples :

1 – la pilule contraceptive : c’est un fabuleux instrument de la maitrise des naissances et de la liberté des femmes, mais on doit se rendre compte qu’il s’agit d’un médicament, fait d’un mélange d’hormones prescrites à des personnes en bonne santé, très riche en effets collatéraux et qui ne devraient jamais pris à la légère, sans contrôle médical, ce qui est malheureusement souvent le cas ;

2 – l’aspirine, excellent médicament contre la douleur, est capable de provoquer des hémorragies digestives graves.

3 – le Ropinirole, traitement efficace de la maladie de Parkinson, provoque dans 15% des cas addiction aux jeux, hyper sexualité, tendances suicidaires, endormissements brusques.

 

La solution ultime de tout cela est de ne plus rien prendre du tout…mais peut on totalement se passer de la pharmacie moderne, au risque de perdre en espérance de vie les progrès considérables observés depuis un siècle ?

Un seul exemple : les remarquables progrès des traitements actuels contre le Sida qui ont fait reculer de façon considérable l’effroyable taux de mortalité ce cette maladie à ses débuts.

 

 

Cercle de Reflexion et d’Information (CRI)

 

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