ELECTIONS PRESIDENTIELLES 2022: ON NE VOTE PAS POUR LA MEME CHOSE
Publié le 17 mai 2022
La grande différence entre ces dernières élections et les présidentielles de 2017 est que ces dernières mettaient en lice deux candidats donc deux projets face à face alors que celles de 2022 opposaient un Président de la République en exercice, Emmanuel Macron, et un candidat, Marine Le Pen, autrement dit un bilan face à un projet, ce qui sont fondamentalement deux choses différentes.
Un bilan, c’est le constat de ce qui a été fait ou pas, réussi ou pas. Un projet électoral, ce sont des promesses, quelque fois, voire souvent, quelque peu démagogiques, qui seront ou non mises en œuvre si le candidat est élu.
C’est ce qui explique, même si Emmanuel Macron a été élu, le resserrement en nombre de voix et en augmentation du pourcentage d’abstention par rapport à l’élection de 2017.
Dans un bilan, il y a les échecs, donc le rejet du candidat par les déçus, de l’autre, dans un projet, que des choses non réalisées, qui ne pourront peut être pas se faire, mais qui sont alléchantes pour l’électeur. Comme dit l’adage, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Ceci dit n’implique pas que l’on soit macronien ou lepéniste, car même si Marine Le Pen avait gagné l’élection, elle serait vite recadrée dans son action politique car, pour assurer l’exécution des promesses, encore faudrait il que l’Assemblée Nationale soit majoritairement d’accord avec elle (d’où la grande importance de l’élection législative), sans compter les rôles du Sénat et du Conseil Constitutionnel, de l’Europe et surtout, des évènement imprévisibles en provenance de l’étranger (la guerre a nos portes, une pandémie) ou nationales (mouvements sociaux difficilement contrôlables style « gilets jaunes »).
Ce sont ces évènements freinateurs, qu’ils soient institutionnels ou non qui sont à l’origine du déclin des grands partis « démocrates » comme le Parti Socialiste à gauche ou les partis d’origine centriste ou droite républicaine (LR et partis plus anciens comme UMP, UNR, UDI).
Avec ce déclin, nous devenons des orphelins en politique !
Mais pourquoi ? La gauche, depuis l’ère « Mitterrand » , traditionnellement « sociale », s’est trouvée, quand elle était au pouvoir, confrontée aux réalités économiques et a donc dû en prendre compte et s’adapter aux dures lois du marché et donc se rendre plus fade aux yeux socialisants purs et durs.
Idem pour la droite, qui a dû « socialiser » ses programmes et donc là aussi, devenir moins lisible pour ses sympathisants les plus « libéraux ».
La conséquence en est la désaffection des électeurs pour ces partis, trouvant leurs réalisations pas assez en accord avec leurs promesses ou programmes voire se sentant même trahis pour aller vers les partis extrémistes de droite ou de gauche.
Ces derniers remplacent progressivement les anciens de partis. Le succès de M. Mélanchon (qui se situait à gauche de François Hollande à l’époque où il était président) remplace l’ancien Parti communiste qui faisait déjà 20% des voix aux législatives de 1968.
Mais nous nous retrouvons maintenant avec un Président qui se trouve encadré par des clans politiques extrémistes, ce qui devrait sérieusement compliquer son action si cette tendance se confirme aux prochaines élections législatives avec à la clé des troubles sociaux importants, beaucoup de concitoyens ne se retrouvant plus dans le système de la démocratie représentative et préférant l’action dans la rue, ce qui paie parfois comme, par exemple, l’arrêt de la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes malgré un référendum qui lui était favorable !
Mais nous pouvons aussi déboucher sur une cohabitation, chose que les Français, d’après certains sondages appréciaient comme du temps Mitterrand-Chirac !
Maintenant se pose aussi le grand problème de l’abstention (28%) et de sa mobilisation éventuelle pour une ligne politique ou pour le désintérêt le plus complet pour la vie citoyenne.
Pour notre Président, il sera absolument nécessaire de tenir compte de ces éléments électoraux pour proposer la politique la plus adéquate pour notre société.
Ce sera difficile.