GUERRE EN UKRAINE
Publié le 2 avril 2022
La guerre est à nos portes, conventionnelle actuellement, mais avec un risque de débordement nucléaire.
La puissance militaire russe se déploie largement sur l’Ukraine, pays pratiquement aussi grand que le France, peuplée de 44 millions d’habitants, pour la plupart orthodoxes comme leurs adversaires et la plupart bilingues, russe et ukrainien, cette dernière langue devenant obligatoire dans le secteur des services et la vie publique depuis 2019 sous l’ancien président Petro Porochenko.
A ce jour, la Russie attaque l’Ukraine essentiellement en raison du problème du Donbass, région russophone et culturellement russe alors qu’officiellement elle fait partie de l’Ukraine. Des mouvements séparatistes y sont nés, provoquant une guerre qui ne veut pas dire son nom, entre le pouvoir central et le Donbass. C’est une guerre sale qui aurait fait 14 000 morts depuis 2014.
Pour la Russie, ce conflit local, est une des raisons qui a justifié sa propre intervention militaire, Poutine accusant les Ukrainiens de se comporter en « néonazis ».
Il y a bien évidemment d’autres raisons comme le rapprochement de l’Ukraine vers l’Europe donc vers l’OTAN, le rêve de Poutine de reconstruire le grand empire russe ou tout au moins de recréer un glacis entre les pays occidentaux et ceux de l’Est dont beaucoup s’étaient rapprochés après l’éclatement de l’URSS en 1991.
Pour justifier l’agression russe actuelle contre l’Ukraine les pro-Poutine argumentent toujours avec ce problème du Donbass et le supposé non respect par les Ukrainiens du traité de Minsk. Ces arguments sont repris sans cesse, en particulier sur les réseaux sociaux.
Or, de tous temps, les relations entre Russes et Ukrainiens n’ont jamais été simples. La collectivisation des terres entraîna en 1933 une énorme famine en Ukraine (et d’autres régions russes) appelée « Holodomor » qui fit huit millions de morts. La période stalinienne a été très dure, très éprouvante pour les Ukrainiens au point que certains d’entre eux ont vu les nazis comme des libérateurs lors de leur arrivée ! Par la suite il y eu même une armée ukrainienne qui s’est battue contre l’armée rouge (UPA) et qui disparut après la libération de l’Ukraine par les russes.
Autrement dit, le ressentiment que russes et ukrainiens peuvent avoir entre eux ne se résume pas uniquement à ce qui se passe maintenant dans le Donbass. Et la « dénazification » prétextée par Poutine fait certainement allusion à cette période où certains ukrainiens avaient fait le choix de lutter contre un pouvoir stalinien excessif.
Dans le monde entier, en étudiant l’histoire, on trouvera toujours, des conflits antérieurs entre pays, entre civilisations.
C’est pourquoi, si l’humanité recherche la paix, il est indispensable de modérer la place des conflits passés, voire récents, pour n’avoir que la paix comme objectif et oublier le principe de la vendetta, de la vengeance aveugle et lors de la résolution d’un conflit, éviter l’humiliation de l’adversaire. Hitler a su jouer de l’humiliation du traité de Versailles, Poutine de celle ressentie par la progression de l’influence occidentale dans les pays autrefois sous obédience soviétique.
Attention, cela ne signifie pas qu’on doive oublier le passé, mais il doit servir à faire avancer l’humanité vers plus de respect mutuel.
Cette influence occidentale est elle-même victime de ce qu’on pourrait appeler l’occido-centrisme, en analogie avec la notion d’ethnocentrisme de Marcel Mauss, enfant d’Epinal.
On appelle ainsi ce comportement qui consiste à ne voir que les seules valeurs occidentales comme bonnes tout en ayant l’incapacité de se mettre à la place des « autres » considérés comme des étrangers et de comprendre, ou même tout simplement voir, qu’ils peuvent aussi avoir leurs propres intérêts, leur amour pour leur patrie, pour leur culture, pour des valeurs non occidentales. A ce titre, peut-on envisager que la mentalité slave a-t-elle un rôle à jouer ?
Mais essayer de comprendre ce qui peut se passer dans la tête de l’ « autre » n’est en rien une justification de ses actes et encore moins d’entrer en guerre.
Mais soyons équitables: les « autres » devraient aussi avoir le même comportement vis-à-vis de nous et chercher à nous comprendre. La première des choses à comprendre serait de penser que les comportements humains peuvent changer.
Par ex, peut-on seulement imaginer qu’aujourd’hui la France envoie un corps expéditionnaire pour aller conquérir un territoire d’Afrique ou d’Asie pour le coloniser et y installer son administration? (Rien à voir avec des Opex demandées par des pays amis ou sous mandat ONU pour lutter contre le terrorisme ou séparer des belligérants.) Ce serait certainement bien incongru.
Finalement, c’est l’apprentissage de l’ « autre » qui est enrichissant et qui permet de découvrir les prémices de paix.
Pour l’instant, Poutine n’est pas dans ce registre. Il a peut être envie de faire joujou avec toutes les armes sophistiquées dont il dispose pour voir « comment ça fait » mais Il a avant tout comme postulat que la violence peut résoudre les choses.
L’Ukraine ne se laissera pas faire. Il ya une résistance qui s’organise et il y a un héros, le président Zelensky. Même si Poutine gagne la bataille de l’Ukraine, il ne gagnera pas le cœur de ses habitants, donc la guerre, et un jour ou l’autre, la situation se retournera contre lui, y compris dans son propre pays où les oppositions, bien que muselées pour l’instant, finiront par se faire entendre.
Peut être même en s’en débarrassant de façon violente.
Peut être aussi que la violence se poursuivra par des actes de résistance/terrorisme ukrainiens en Russie elle-même.
Il arrivera un moment où les hommes et les femmes de Russie en auront assez de voir ceux de leurs familles rentrer dans des cercueils pour s’être battus contre leurs frères alors qu’une bonne diplomatie entre personnes de bonne volonté aurait pu régler les problèmes ; mais cela nécessite parfois du temps, beaucoup de temps et malheureusement ceux qui nous gouvernent sont des gens pressés (leur réélection peut être).
Une grande partie du monde entier tente diplomatiquement ou économiquement de ralentir Poutine. Ce sera avec des succès mitigés, surtout avec les mesures économiques dont certaines peuvent se retourner contre nous et la Russie a une capacité de résilience plus grande que la nôtre.
Elle peut tenir deux ans en autarcie et nous..2 mois en cas de conflit sur notre territoire.
Mais si la bonne volonté ne gagne pas, peut on imaginer qu’un conflit nucléaire, dont le risque est toujours présent, réglerait les choses ? La réponse est oui : s’il n’existe plus personne sur cette planète, il n’y aurait alors plus de problèmes du tout à résoudre. Des fous pourraient le concevoir.
Certains considèrent d’ailleurs le maître du Kremlin comme tel.
Par ailleurs la Cour Internationale de Justice a demandé l’arrêt des opérations militaires en Ukraine.
Sans oublier que Poutine dispose du système Satan capable avec un seul missile de lancer 12 têtes nucléaires…Suffisant pour rayer la France de la carte d’un seul tir… Nous pensons que le nom de ce système lui conviendrait bien comme qualificatif.
Mais s’il l’active contre nous ou un allié, par folie ou mauvaise stratégie, n’oublions pas d’éviter quelques erreurs qui pourraient devenir prétexte guerrier pour lui : erreurs diplomatiques (comme celles du président des USA Biden, proférant des insultes comme « boucher » à l’égard de Poutine, alors qu’on n’insulte pas un futur négociateur fort probable), mesures économiques inadéquates, provocation militaires voulues ou non, rodomontades d’un allié OTAN ou autre.
Mais pour l’instant, dans le domaine de la violence et du non respect des droits de l’homme, Poutine fait la course largement en tête.
Ce sera certainement pour lui aussi le commencement de la fin.