INFINIMENT PETIT INFINIMENT DANGEREUX

Publié le 26 avril 2020

Tous les gamins du monde qui jouaient dans le grenier se sont émerveillés du spectacle de ces millions de points brillants s’agitant en tous sens dans la lumière du soleil pénétrant par la lucarne. Impossible de suivre un seul de ces objets, montants, descendants, partant subitement de côté, imprévisibles.

Plus tard, on nous apprit que l’air, ce n’est pas le vide, mais un fluide toujours en mouvement, siège  de grands courants et de myriades de turbulences invisibles. Les poussières qui dansaient dans le grenier n’étaient qu’une faible illustration des trajectoires complexes de l’air au sein de l’atmosphère.

Nous avons compris, plus tard, que ces courants et turbulences pouvaient transporter nombre de particules infiniment petites, invisibles parce que petites, mais dangereuses parce que très nombreuses. C’est ce que nous appelons aujourd’hui les particules fines que  nous avons nous-mêmes créées,  source de nombreuses pathologies pulmonaires.

Et puis est arrivée une nouvelle particule, plus fine que les autres, non seulement inerte, mais agressive parce que vivante. Elle ne mesure que 40nm (40 millionièmes de millimètre) et se présente sous la forme d’une mine sous-marine sphérique de la dernière guerre mondiale bourrée de détonateurs sur sa circonférence. Le virus, comme la mine, attend son heure pour entrer en contact avec sa cible, exploser et détruire. L’avantage de cette géométrie, c’est qu’il y aura toujours une ventouse pour s’accrocher à une cellule vivante, un détonateur pour faire exploser la cellule.

On imagine assez facilement que cette particule, des millions de fois plus petite que les poussières de notre grenier, peut flotter en l’air sans difficulté, associée à une fine gouttelette sous forme d’aérosol,  et suivre une infinité de trajectoires turbulentes. Elle peut aussi s’accrocher à une poussière, comme le ferait une sonde spatiale sur une météorite.

Cette connaissance devrait être prise en compte par nos politiques pour donner des conseils à la population mais ils dépendent eux-mêmes des recommandations de leurs conseillers scientifiques qui ne se sont pas encore mis d’accord eux-mêmes sur ce phénomène de la nébulisation et de l’aérosol pour établir une nouvelle mesure de distanciation sociale, du moins en France.

Et pourtant La maitresse de maison soucieuse de l’ambiance, qui aura parfumé un angle de son logis avec un aérosol ne sera pas surprise, au bout de quelques minutes, de s’apercevoir que tout le volume de sa maison en a bénéficié. Naturellement, la quantité de parfum restant la même, la concentration  dans un espace plus grand sera plus faible, mais pas nécessairement homogène.

Selon les mesures effectuées sur la pollution urbaine, on dénombre dans un litre d’air entre quelques dizaines de milliers à quelques millions de particules entre 0.1 et 1 micron. De quoi servir de taxi ou d’autobus pour prendre en charge quelques virus de dimension nano. Et tout cela n’arrête pas de bouger, d’entrer en collision. Nous sommes dans le domaine de l’infiniment petit, mais aussi de l’infiniment nombreux. Et nous ignorons tout du nombre de virus dans cette foule.

IL est clair que la concentration dans l’air du virus, ou des particules véhiculant le virus, diminue avec la distance avec l’émetteur. Cette concentration diminue aussi avec le temps, car la durée de vie de ce virus n’est pas éternelle. Mais comme nous ignorons pratiquement tout de la cinétique de ces décroissances, il convient d’être encore plus prudent que ce nous conseillent les officiels. Dans ce cadre, nous préconisons le port du masque pour tous, cela va de soi.

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