JE SUIS IMMIGRE ET J’AIME LA FRANCE
Publié le 9 avril 2023
Du statut d’émigré à celui d’immigré, tous les parcours ne se ressemblent pas.
Avec plus ou moins de chance, avec sa cohorte de malheurs ou de bonheurs, nous sommes tous arrivés en France un jour, mais pour des raisons très diverses.
Mon cas personnel a une belle raison : l’amour de jeunesse qui a toujours perduré pour une femme française. Et dans ce cas on peut parler d’une continuité de bonheur !
Mais il ne faut jamais oublier la face cachée de la migration dans un pays étranger au sien :
– Le dépaysement : si au départ on n’y songe pas par insouciance de jeunesse ou par l’émotion suscitée par la découverte d’une nouvelle vie, c’est seulement après bien des années que l’on prend conscience que quelque chose en nous est resté dans notre terre natale et qu’alors la nostalgie nous prend….Mais il est vrai aussi que cela peut être le cas des personnes qui changent simplement de région dans un même pays.
– La langue : il faut absolument oser, toujours oser parler une langue que l’on connaît à peine. Des balbutiements du début à la construction de phrases correctes, il ne faut jamais avoir peur de se faire comprendre, en ignorant les rires stupides de certains. Et jour après jour, en apprenant, en écoutant, en étudiant, on finit par arriver à écrire et à parler en public… et tant pis pour les réflexions du genre « tu as un sacré accent » !
– Le travail : pour moi, une chance : mon job. Si cette chance m’a été donnée pour m’intégrer facilement dans l’édition et la publicité, ce fut après un démarrage assez difficile qui a failli me contraindre à un travail manuel en usine ou sur un chantier, ce qui ne me faisait pas peur, car ma vie professionnelle dans mon pays d’origine avait commencé par un travail en usine partagé avec des études aux « Beaux Arts » chaque soir.
Le point final de mon statut d’immigré est arrivé le jour où j’ai compris tout l’amour que je portais à mon pays d’accueil et à sa langue.
Depuis, je n’ai jamais accepté que l’on insulte « ma France », ni ici ni ailleurs, ni que l’on dénature cette langue, trop souvent abîmée par des anglicismes inutiles qui spolient le français de toute sa beauté tout en sachant que j’aime toujours la langue de mon pays d’origine.
Non, je n’aimerais jamais qu’une « Vallée Verte » devienne « Green Valley » par exemple.
Témoignage recueilli par le CRI