LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN *

Publié le 5 avril 2018

 

Miroir romain, annonces-tu aujourd’hui la chute de notre civilisation?

Nous, les lointains héritiers de Rome, marchons nous- comme autrefois-vers notre mort?

                                                                              Max Gallo

L’avenir est imprévisible, diront certains, surtout s’il s’agit du futur, ajouteront les autres. Par contre, le passé est mieux connu, encore que les historiens ne s’accordent pas toujours sur les causes des grands bouleversements dans notre histoire. Les raisons de la  chute de l’empire romain font  toujours débat : le mécanisme irrémédiable qui a abouti à la chute d’une civilisation est-il lié aux coups de boutoir des invasions barbares ou à la corruption et la déliquescence des élites romaines ? 

Peut-être les deux, ce qui ne pouvait que conduire plus surement à une issue fatale. L’empire romain, par sa richesse, son architecture, ses temples, ses amphithéâtres, ses thermes, l’eau courante,  ses métaux précieux, le verre, la céramique, son organisation sociale, son art de vivre, a exercé une puissante convoitise sur les peuples voisins, habitués à un mode de vie très rudimentaire. Pour contenir ses adversaires, l’Empire a d‘abord construit une barrière à l’est, le limes, puis s’est retiré le long de la frontière du Rhin. Mais la faiblesse des garnisons romaines a permis le déferlement des Goths, des Alamans, des Francs et autres. Sans oublier les Huns, nomades passant leur vie à cheval, leurs familles dans des chariots,  d’une barbarie sans limitequi faisaient  fuir devant eux les autres peuples barbares à trouver refuge dans l’empire, bientôt suivis des Vandales, dont parait-il,  quelques descendants existeraient encore  dans notre société.

L’empereur Bassianus Caracalla, en fin politique, avait émis  en l’an 212 un édit* selon lequel tout barbare non romain, gaulois,  goth au autre dans l’Empire jouirait dorénavant de la citoyenneté romaine. Cette soudaine décision renforça instantanément la cohésion, et les historiens affirment que Caracalla avait ainsi obtenu un sursis d’un siècle pour la civilisation romaine. Car la gestion de la question des barbares comportait aussi un volet social : en échange de terres octroyées à ces derniers dans l’Empire, ceux-ci payaient les redevances et devaient fournir les hommes pour servir dans les légions.

Et la gaule romaine devint le royaume des Francs, dont le génial apport à la civilisation fut concrétisé par l’invention de cette hache à deux tranchants, permettant d’aller plus vite en besogne, en marquant des points gagnants en coup droit et en revers. Souviens-toi du vase de Soissons.

L’avenir est imprévisible, mais il l’est encore plus lorsqu’on a perdu la mémoire du passé, car en général, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

*La chute de l’empire romain  Max Gallo  récit   XO Editions 2014, 241 p.

*L’édit de Caracalla     XAVIER DE C***          FAYARD 2002  110 p.  Épitaphe de Régis DEBRAY

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