LA FRANCE : ETERNELLE ADOLESCENTE ?

Publié le 12 juin 2016

Quand on considère cette nation avec ses contrastes, ses pulsions extrêmes, ses tiraillements, la crise, la laïcité, l’Europe, le Pape et son questionnement sur l’immigration, la place de l’islam, un vague mais persistant sentiment de repentance et de perte de confiance en soi, comment peut-on parvenir à définir l’identité française ? 

L’image qui vient à l’esprit est celle de l’adolescence, image affectueuse, parfois irritante,  mais  porteuse d’espoir, car elle incarne le passage obligé pour grandir.

La France avait un « père ». C’était le roi, en lien avec l’Eglise catholique, socle millénaire de l’ « Ancien Régime ». C’était l’époque de « l’enfance » de la France.

Arrive la Révolution: on commence à s’émanciper du Roi (on tue carrément son père) et de de la Religion pour laisser place à « la laïcité ». Cela s’appelle l’adolescence.

Typiques de la période d’adolescence sont, entre autres, la contestation, la révolte contre ses parents, un goût prononcé pour le risque et une recherche de sa propre identité. A cela, il faut ajouter la pratique d’une éthique très répandue chez tous les adolescents du monde, « l’éthique de la conviction » (Max WEBER). Selon cette éthique, chaque comportement ou attitude, mais aussi chaque loi, sont considérés comme moralement bons si elles correspondent à de bonnes intentions.

Cette éthique s’oppose à une « éthique de responsabilité », selon le même sociologue, laquelle prend en compte les conséquences des comportements, des attitudes ou des lois.

Il semble bien que la France de 2016 n’ait pas encore atteint l’âge adulte, et ne soit pas prête à assumer son « père chrétien et révolutionnaire », pas encore prête pour le dialogue, mais au contraire qu’elle soit toujours dans la contestation et le combat, toujours en train de juger selon les intentions (souvent supposées), en se moquant des conséquences à long terme, (surtout dans le domaine politique), encore et toujours dans l’attente « du père » (L’ETAT) qui règle tout, nuisant ainsi à la prise de responsabilité individuelle ou collective, allant jusqu’à prendre celui-ci en otage, voire le « tuer », quand il ne satisfait pas les caprices catégoriels (Ex: blocage des raffineries, des transports publics, appel à la révolte anarchique).

Si la France veut rester maître de son avenir et influente, ou tout simplement exister, dans ce monde globalisé du XXIème siècle, elle doit évoluer et se mettre à pratiquer une éthique de responsabilité, en assumant pleinement son passé, non seulement ce qui arrange, mais aussi ses côtés sombres, comme par exemple le passé de la terreur de la révolution, du colonialisme et du racisme. 

Nombreux français souhaitent éviter à la France, à force d’être adolescente, de ne pas atteindre l’âge d’adulte et de risquer, à force de maintenir son regard passéiste et nostalgique dominant, partagé dans l’esprit de nos politiciens de gauche comme de droite, de se précipiter directement dans  la sénescence, avec son cortège de lentes mais irréversibles dégradations qui l’accompagnent.

La France DOIT et PEUT mûrir pour se comporter comme un adulte dans ce nouveau siècle si elle veut assurer le devenir de tous les Français.

Nombreux sont ceux qui y croient et qui y sont prêts.

 

Cercle de Réflexion et Information

09/06/2016

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