La Place de la Femme dans la Société Civile et Politique avril 1997
Publié le 13 mai 2013
Lorsque le CRI a décidé d’étudier comme premier thème: la Place de la Femme dans la Société Civile et Politique, il ne savait pas qu’un véritable débat de société s’installerait autour de cette question.
S’agit – il d’une idée neuve que de vouloir donner à la Femme toute sa place dans la Société Civile et Politique? Sûrement pas!
On en a fait une pétition de principe: il est normal que la femme prenne toute sa place…il faut qu’elle la prenne…mais à la vérité, dans la sphère des responsabilités, peu d’entre elles ont véritablement accès, que ce soit du côté des PDG, des députés ou des ministres. Bref, il faut, à coup sûr, que notre société apparaisse dans son fonctionnement comme véritablement duale, et non pas monolithique, partenariale et non pas machiste ou patriarcale.
Les questions que nous avons évoquées nous ont conduits à traiter le problème de façon historique et sociologique, à vouloir modifier les comportements permettant ainsi aux femmes de faire irruption dans la vie publique, à définir une nouvelle représentativité par une authentique réforme structurelle.
La Société Civile et Politique française a accordé peu de place à la Femme. C’est sans doute la conséquence de notre histoire et c’est également la conséquence de toute une éducation, d’un vécu de civilisation, comme si, par nature, les décideurs étaient d’abord des hommes.
Que dire de cette sous-représentation sinon qu’elle est sûrement dans notre société occidentale le fruit d’un héritage culturel qui a la vie dure. Et pourquoi ne pas le répéter: à l’origine il s’agit bien d’un héritage judéo-chrétien mal compris et surtout mal assimilé.
Eve la tentée, Eve la tentatrice, Eve la tentante est devenue en quelque sorte accusée de corruption active à l’égard de l’homme et cette première expérience sert de modèle d’explication et de référence pour catégoriser les rôles respectifs de l’homme et de la femme:
La Femme doit se cantonner aux tâches ménagères et subalternes : « Une femme en sait toujours assez quand la capacité de son esprit se hausse à connaître un pourpoint d’avecque un haut de chausse ».
Au Moyen Age, les femmes jouissent de grandes libertés leur permettant d’exercer tous les rôles, qui, au fil des siècles suivants, leur seront progressivement interdites.
L’inégalité a d’abord été réalisée au niveau des rémunérations. Le décrochage atteindra même 50% d’écart défavorable par rapport aux hommes au 18 ème siécle… à travail identique bien entendu.
Parallèlement, des corporations leur furent interdites dans les métiers de la santé, de la brasserie, du tissage. Avec l’avènement de l’industrialisation, les tentatives d’exclusion s’accentuent, sous l’impulsion – ce qui est un comble – non plus des patrons mais du monde ouvrier masculin lui – même!
Dans les manufactures on réserve quelques emplois d’appoint aux femmes assortis de salaires du même nom. Il ne restait aux femmes qu’à être « ménagères ou courtisanes » comme l’avait prôné antérieurement et d’une façon lapidaire Napoléon Bonaparte. D’ailleurs, l’essor des professions féminines de « domestiques » jalonne la voie de l’inégalité professionnelle de l’ère pré-industrielle.
Cette première source d’inégalité de nature ontologique sera naturellement complétée par une autre inégalité: la mort civile de la femme. Et celle-ci, elle va l’endurer jusqu’en 1965, année au cours de laquelle elle obtient enfin en tant que personne civile la pleine capacité juridique. Il va sans dire – mais cela va mieux en le disant – que c’est là le résultat d’un système social, philosophique, religieux et politique extrèmement structuré et puissant que l’on pourrait désigner sous le vocable de « patriarcat extensif » et qui a longtemps présidé aux destinées d’un nombre important de sociétés et de peuples civilmisés, y compris la France.
Cette mort civile annoncée s’appuyait sur les thèses naturalistes chères à Jean Jacques Rousseau qui confinait le « deuxième sexe » dans la sphère de la chose privée – dont l’éducation des enfants – et confiait au seul mâle le domaine de la chose publique et de la tutelle de la vie familiale.