Les enfants, des êtres humains à éviter dans l’avenir?

Publié le 6 décembre 2023

La natalité dans notre pays chute d’une façon historique. Le taux d’avortement a augmenté, de nouveau, d’une façon remarquable. Il paraît que l’enfant n’a plus la cote en France, malgré tous les droits  qu’on lui accorde, et malgré la promotion générale de la PMA et de la GPA.

 C’est vrai, la tâche de l’élever et d’éduquer les enfants français du XXIème siècle, tentés par l’hyper-individualisme régnant, d’où découle – entre autre – manque de respect, de politesse, et parfois du narcissisme, n’est pas une tâche aisée. A cela s’ajoute qu’exécuter une telle tâche dans un environnement, qui leur ne promet plus un bel avenir, représente un énorme défi psychologique pour les adultes éducateurs, qui doivent créer ou maintenir une confiance chez les enfants en eux-mêmes et dans l’avenir, en ayant perdu eux-mêmes cette confiance. Pas étonnant qu’après des nombreux parents, maintenant aussi une frange du personnel éducatif commence à capituler (« burn –out »), et des candidat/e/s pour ce secteur se font rares (problème de recrutement des professeurs).

 On peut donc facilement comprendre l’hésitation d’engendrer aujourd’hui notre descendance, qui peut gêner les autres (l’offre d’hôtels avec garantie « sans enfants » augmente), une descendance à laquelle nous semble pouvoir offrir seulement un avenir menaçant, qui paraît être le résultat de nos propres fautes, d’une foi aveugle dans le progrès, ancien fournisseur principal de sens de notre vie.

A cela s’ajoute le cercle vicieux économique qui s’est installé en s’adaptant – comme toujours sans état d’âme – aux changements « sociétaux ». Loger et nourrir plus que deux enfants deviennent un énorme défi, vu le manque de logements assez grands et à prix abordable, et vu la rédaction de la taille des paquets d’alimentation aux supermarchés, qui ont fait disparaître des rayons les paquets « famille nombreuse ».

Il semble donc que ni arguments économiques, ni arguments écologiques, ni arguments pédagogiques et psychologiques n’existent en faveur de l’existence d’une future génération nombreuse et importante. Nombreux parmi nous sont tentés par l’attitude irresponsable du : « après-moi le déluge », en oubliant qu’eux-mêmes ne cessent pas d’appeler tous les jours les autres au « sens de la responsabilité ».

Au lieu de nous laisser à nos émotions compréhensibles, à nos esprits partisans et à nos propres contradictions, cherchons plutôt ici à procéder par la réflexion – cher à notre groupe du CRI-, et regardons les arguments antinatalistes mentionnées ci-dessus d’un peu plus près.

Une position écologiste « antinataliste » répandue argumente, que c’est la surpopulation en Occident, guidée par une vieille philosophie selon laquelle l’Homme règne comme maître non-contesté sur la nature, soit responsable des problèmes écologiques universelles. Au vu de ce diagnostic, le remède proposé est de réduire la population en occident, et de lutter contre la philosophie citée ci-dessus et de sa propagation planétaire. Or, vouloir appliquer ce remède aujourd’hui nécessite une réponse au phénomène migratoire. La réduction de la surpopulation en occident passe-t-elle par un refus de la migration du « Sud » vers le « Nord » ? Ou, faut-il accueillir les gens du sud avec leurs familles en leur expliquant, si nécessaire d’une façon « appuyée » (lois, contraintes financières) que c’est maintenant fini avec des familles nombreuses, et qu’il faut adhérer à une nouvelle philosophie antinataliste écologique ?

Pour ceux et celles parmi vous, qui lisent ces lignes et qui souhaitent des positions cohérentes, donc sans contradictions, il sera permis de souligner ici seulement une des graves contradictions liées à cette approche antinataliste écologique.

Une approche antinataliste qui s’engage aussi pour le droit à l’avortement (souvent appuyée par des instances de l’ONU) plaide finalement pour des actes où l’Homme se comporte en maître non-contesté sur la nature, donc totalement en phase avec la philosophie,  celle qu’on prétend pourtant combattre.

La même contradiction apparait aux yeux des gens du Sud, accueillis sur notre territoire, auxquels on impose au nom de l’écologie cette approche antinataliste.

Et si on refuse leur arrivée sur le territoire de l’occident, et veut sauver la planète en même temps, il reste seulement à imposer l’approche antinataliste à eux hors de nos frontières via des contraintes internationales. Or si l’Occident essaie d’imposer au niveau planétaire une approche antinataliste de ce type, qui porte en elle-même une contradiction profonde, il risque d’accélérer la perte de sa crédibilité comme fournisseur d’une « morale universelle ».

Quant aux obstacles économiques et psychologiques, qui se dressent sur le chemin d’une approche nataliste, il faut voir qu’ils sont les résultats actuels, et non pas les causes profondes des changements sociétaux. Face à une éventuelle augmentation de familles nombreuses, et face à une éventuelle population plus jeune, les acteurs économiques réagiraient, comme toujours, en profitant de la plus grande créativité d’une population plus dynamique et motivée, et en satisfaisant aussi les besoins de ce type de famille.

Il est évident que rencontrer plus de famille de ce type implique que les adultes ont retrouvé un sens de leur vie, ce qui inclut un avenir pour leurs enfants (aspects philosophique/psychologique, pédagogique) qui justifie de faire parfois des grands « sacrifices » pour leur progéniture.

En France, la natalité est favorisée par le rôle important joué par les « Allocations Familiales » crées pour favoriser la natalité après les pertes humaines engendrées par les guerres. Celles-ci sont versées aux familles ayant au moins deux enfants. Elles varient avec les conditions de ressource mais représentent une aide importante aux familles bénéficiaires. Mais celle-ci sera-t-elle suffisante dans l’avenir pour favoriser les naissances ?

Sans avoir analysé maintenant toutes les différentes facettes de la question épineuse de la chute de la natalité, il devient évident qu’un renversement de l’évolution actuelle ne se fera pas avec des mesures bricolées et de court terme, soit elles d’ordre économique, d’ordre de politique migratoire ou d’ordre éducatif.

Il faudrait donc un changement sociétal important qui permet le développement d’un sens de vie partagé, qui encourage l’engendrement d’une future génération, même si la génération actuelle a le « blues ».

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