LES QUATRE FACONS DE DEPENSER L’ARGENT

Publié le 21 avril 2015

 Il peut paraître étonnant qu’il se trouve quatre façons de dépenser l’argent, car la plupart d’entre nous sont persuadés qu’il n’en existe que deux tout au plus : la bonne et la mauvaise.

 Ecoutons ce que disait à ce sujet un prix Nobel d’économie aujourd’hui oublié.Les quatre façons de dépenser l’argent peuvent être définies par les situations suivantes :

 1- Dépenser son argent pour soi-même

2- Dépenser son argent pour les autres

3- Dépenser l’argent des autres pour soi-même

4- Dépenser l’argent des autres pour les autres

 1- Dépenser son argent pour soi-même

 C’est le cas de nombreuses dépenses (maison, voiture, habillement, nourriture, vacances, etc..). Dans chacune de ces situations, on est à la fois très attentif au montant dépensé et à la qualité ou à la satisfaction que procure le bien ou le service obtenu.

Pour s’exprimer savamment comme le font les économistes, on dira que le ratio performance /coût est optimisé.

 2- Dépenser son argent pour les autres

C’est le cas classique dans lequel on offre un cadeau, un don à une œuvre sociale, etc.

Dans ces circonstances, le donneur est attentif en priorité au montant dépensé, sans pouvoir mesurer précisément la satisfaction procurée chez le bénéficiaire, et dans ces conditions le rapport performance/coût s’en trouve dégradé.

 3- Dépenser l’argent des autres pour soi-même

C’est le cas du salarié d’entreprise, ou fonctionnaire, homme politique, etc., qui dispose d’avantages en nature (logement de fonction, voiture de fonction, frais de déplacement payés, etc.). Il est alors évident que le bénéficiaire sera beaucoup plus sensible à la qualité des moyens mis à sa disposition qu’au montant que ceux-ci auront entraîné pour l’entité qui prendra ces dépenses en charge, et dont il se souciera à peine.

A nouveau, le rapport performance/coût subit un affaiblissement notoire.

 4- Dépenser l’argent des autres pour les autres

 C’est le cas notamment de tous les responsables politiques qui ont la charge des dépenses publiques.

Peu d’entre eux se préoccupent du montant dépensé, ainsi que de la satisfaction des bénéficiaires.

Dans cette configuration, le rapport performance /coût est au plus bas.

L’auteur de cette théorie avait prédit que les régimes dits « socialistes » à l’époque de la guerre froide s’effondreraient sur eux-mêmes par le gâchis généralisé engendré par la généralisation du système n°4.

Plusieurs pays sont plus orientés que d’autres vers le système n°4, ce qui les appauvrit d’une façon générale. Mais, faisait remarquer notre économiste, il me semble que vous, français, qui êtes fortement orientés n°4, soyez plus riches que ma théorie ne le prévoit. Si la théorie est juste, alors il faut conclure qu’un autre élément entre en ligne de compte.

Il se pourrait bien que les acteurs du système n°4 détournent en partie ce système vers le n°1, utilisant l’argent des autres pour leur intérêt personnel. Ceci est parfaitement immoral, mais au sens économique, l’argent ainsi détourné sera mieux utilisé, et améliorera le fameux ratio performance/coût défini plus haut.

 Cette théorie, que chacun peut vérifier en permanence, est fort utile pour analyser les situations devant lesquelles nous nous trouvons : s’agit-il du système n° 1, 2, 3, ou 4 ? Selon la réponse, le comportement des intervenants devient limpide aux yeux de l’observateur.

 Il n’est pas étonnant que notre économiste ait touché très juste avec sa théorie, car elle repose sur l’égoïsme individuel, qui est un moteur très puissant de notre comportement, comme l’exprime l’adage populaire «charité bien ordonnée commence par soi-même ».

 Pour autant, cela vaut-il justification pour un enrichissement continu et sans limite ? Rien n’est moins sûr : la limite nous est imposée physiquement par les dimensions et les ressources de notre planète.

Comme l’exprimait un autre grand homme, lui aussi disparu : «le monde contient assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous».

 

 P.S. Nos lecteurs attentifs auront reconnu que le prix Nobel dont il est question est Milton FRIEDMAN, et que la conclusion sur la cupidité des tous est due à GANDHI.

 Mars 2015

 

 

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