L’IMAGINATION AU POUVOIR
Publié le 26 avril 2020
Dans la situation sanitaire catastrophique que nous vivons actuellement, il semble que ce célèbre slogan de 1968, pris comme titre, soit à nouveau d’une brûlante actualité. Chacun comprend que nous vivons une situation proprement inimaginable, que seuls quelques rares esprits avaient envisagée. Mais comment ont-ils fait ? Tout simplement, en faisant un exercice d’imagination, qui est le résultat d’une réflexion très logique à partir d’une hypothèse.
En fait, il suffit de dérouler par la pensée une suite logique d’événements, à partir d’une hypothèse posée comme base de travail. Hélas, la plupart du temps, dès que l’hypothèse retenue conduit à un scénario trop désagréable, l’hypothèse et ses conséquences est rapidement écartée, parce qu’on n’aime pas les mauvaises nouvelles. On ne combat plus le schéma retenu avec des arguments, mais par une condamnation globale sans appel : catastrophisme !, complotisme !, oiseau de mauvais augure ! etc.
Il est vrai que dans l’histoire, de nombreux messagers ont été punis de mort, simplement parce qu’ils étaient porteurs d’une mauvaise nouvelle.
Or, le seul moyen d’éviter une catastrophe, c’est précisément d’imaginer cette catastrophe. Et les décisions d’agir viennent naturellement se mettre en place. L’exemple de l’aéronautique est évident : il est facile d’imaginer les conséquences de la chute d’un avion et les ingénieurs, constructeurs et exploitants ont mis en place toutes les barrières de sécurité possibles, motivés par la simple peur de mourir. Le succès de cette approche n’est plus à démontrer.
L’imagination n’est pas rêverie, mais le fruit d’un effort soutenu pour débusquer les conséquences qui pourraient s’enchainer les unes aux autres dans un mécanisme funeste. Dans ce type d’exercice, il faut s’efforcer de ne rien oublier, car le diable se cache dans les détails. Et les exemples ne manquent pas.
Encore faut-il une bonne dose d’humilité pour aborder cet exercice d’imagination, et ne jamais croire qu’on sait. Car nous ne savons rien, ou si peu, et l’orgueil conduit inévitablement à l’échec.
Nous en avons aujourd’hui une démonstration magistrale.