OTAGES Novembre 2004

Publié le 13 mai 2013

Tout homme digne de ce nom a deux frères dénommés Christian CHESNOT et Georges MALBRUNOT.

Tout homme digne de ce nom a une sœur dénommée Ingrid BETANCOURT .

Tout homme de ce nom a des amis qui ont été pris dans les filets des ravisseurs de l’île de JOLO.

Tous les hommes dignes de ce nom ont des leurs qui sont un jour devenus… des otages .

On aurait pu croire, que cette pratique, vieille comme le monde, aurait progressivement disparu de l’histoire de l’humanité car toutes les civilisations ont eu, comme la nôtre, une période « des lumières » qui, sous l’influence de l’humanisme, de l’évolution des philosophies et des religions, aurait chassé cet usage outrageant pour la conscience humaine

 

Mais force est de constater que le pire de l’homme reste en l’homme et que notre actualité en fait le triste constat.

 

La prise d’otages fait elle même partie des techniques terroristes comme peuvent l’être les attentats, les extorsions de fonds, le trafic de drogues, le chantage etc… mais elle procède d’une logique particulière. Elle vise à faire pression sur une communauté, sur un ou plusieurs états en s’en prenant à la liberté et parfois la vie d’une ou d’un petit groupe de personnes au lieu de le faire en masse connue dans le cadre d’un attentat.

 

Mais dans les deux cas, on s’en prend à des personnes innocentes, autrement dit qui n’ont aucune relation directe ou indirecte avec le problème mis en cause par les preneurs d’otages, bien que parfois même, celles et ceux qui deviennent otages sont ceux là même qui œuvrent pour le développement

 

du pays où ils ont été capturés !

 

 

 

La différence est d’ordre logistique pour les ravisseurs, car gérer la détention d’un petit groupe est certainement plus facile que de commettre un attentat plus retentissant sur le plan médiatique.

Et la médiatisation est d’une importance capitale pour se faire connaître… mais certainement pas pour se faire apprécier des citoyens du monde.

Cependant, hormis les prises d’otages relevant du banditisme, du droit commun, voire de la lutte sociale ( dont on peut parfois douter de la légitimité), la majorité sont la conséquence des conflits politiques et religieux qui existent de par notre monde actuel : guerres larvées , que ce soit en Amérique du Sud, en Asie, ou guerres ouvertes comme en Irak, en Palestine, en Tchétchénie.

La lutte contre la prise d’otages procède donc de par la résolution de ces conflits et cette résolution ne devrait se faire que par voie politique, à la condition que ceux qui font la politique, au sens noble du mot, ne cautionnent jamais les activités outrageantes pour la conscience humaine de leurs inféodés les plus activistes, les plus extrémistes.

 

Il en est de même pour les responsables religieux qui ne devraient jamais laisser des .courants intégristes se développer. D’ailleurs, qu’ils s’agissent de politiques ou de religieux, ils devraient bien se rendre compte qu’en laissant ces dangereuses dérives s’installer, ils ne pourront jamais s’attirer une majorité de sympathisants.

 

De fait, l’action terroriste, la prise d’otages, est un aveu de faiblesse politique de la part de ceux qui les commettent : faute d’arguments permettant d’obtenir une majorité, on préfère faire peur d’une façon imbécile. Une communauté forte, un état fort,

 

ne se laisseront jamais impressionné par de tels actes.

Mais il est vrai qu’ une démocratie est mal armée contre ce fléau. Toutes les règles ou lois destinées à protéger l’individu joue en faveur du terrorisme et de la prise d’otages.

Il appartient aux démocraties, tout en respectant le Droit, de mettre en place des mesures de législations internationales permettant aux forces de police, de renseignement, d’agir de la meilleure façon possible/ procédures d’extradition, collaboration des forces de polices) et, s.’il doit y avoir intervention militaire, que celle-ci soit faite dans le cadre d’un large consensus international dans le cadre de l’ONU.

Il est aussi absolument nécessaire de lutter contre la banalisation médiatique de tels événements. Il faut qu’à chaque prise d’otage, à chaque attentat, chacun de nous se sente interpellé, quelque soit sa nationalité, sa religion, son éthique.

 

Notre attitude commune doit faire comprendre à ces entrepreneurs du rapt qu’ils sont de vrais criminels devant l’humanité, non des héros, et qu’un jour ils auront d’une manière ou l’autre à répondre de leurs actes.

Ce ne sera jamais en écrivant l’Actualité en lettres de sang qu’ils pourront écrire l’Histoire en lettres d’or.

 

 

Novembre 2004

 

Au moment de la rédaction de cet article, nous avons appris avec bonheur la libération de Mohamed al JOUNDI, le chauffeur des deux journalistes français.

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