POUVOIRS : PAS DE LÉGITIMITÉ SANS ÉTHIQUE. OCT 2010

Publié le 16 mai 2013

 

Issue de la morale, l’éthique regroupe les règles et conseils pour les devoirs et convenances professionnels.

 

Quant au pouvoir, quel qu’il soit, il repose de fait sur deux légitimités.

Une légitimité institutionnelle formelle qui émane des règles du système qui a conféré ce pouvoir dans un cadre institutionnel ou sociétal défini.

Mais aussi une légitimité morale informelle liée à la compétence ainsi qu’à l’exemplarité dont fait preuve le pouvoir concerné dans sa pratique quotidienne.

Et il ne faut pas perdre de vue que pour être valablement reconnu par celles et ceux auxquels il s’adresse, tout pouvoir ne peut négliger l’importance de cette seconde légitimité. Ainsi par exemple les parents disposent-ils juridiquement d’un pouvoir sur leurs enfants. Mais quelle serait l’autorité morale de celui-ci lorsqu’il viendrait à attendre de l’enfant des comportements en contradiction avec la pratique personnelle des parents ?

 

Il en est de même dans les domaines politique, économique ou financier où certes les dévoiements à l’exemplarité ne datent pas d’aujourd’hui.

On ne peut toutefois s’empêcher de ressentir comme un malaise devant l’accumulation de faits contraires au sens de la chose publique récemment portés à notre connaissance et dont il convient cependant de se garder de faire une généralité.

Les dégâts provoqués dans l’opinion par les comportements contraires à l’exemplarité apparaissent conséquents. Et cela plus encore en une période où, parfois ceux-là même qui semblent s’exonérer de vraie rigueur à l’égard des deniers publics, ne cessent d’exhorter en leurs discours les citoyens à plus d’efforts voire de sacrifices.

Manifestement il demeure des détenteurs de pouvoir qui n’ont pas compris qu’en ce début de 21ème siècle le « Faites comme je dis, mais point comme j’agis » devient insupportable pour beaucoup.

Tout comme ils ne paraissent pas avoir mesuré le risque de dérives que peuvent engendrer pareils comportements de nature à creuser le lit de raisonnements aussi dévastateurs qu’inexacts du type « Tous pourris ! ».

Notamment un risque de « populisme » dont il serait d’ailleurs malvenu d’uniquement accuser une presse aujourd’hui globalement plus curieuse qu’hier et disposant en outre de moyens d’information du public plus directs qu’il y a quelques années encore. La cause de tel danger étant bien le comportement contraire à l’exemplarité et non pas sa divulgation au public, sous réserve bien sûr du respect des prescriptions du Code de déontologie journalistique (cf Résolution 1003 du Conseil de l’Europe en 1993).

 

On ne peut non plus passer sous silence ces dirigeants d’entreprises, de surcroît souvent non propriétaires de celles-ci, qui après avoir demandé à leurs salariés bien des efforts et avoir fréquemment mis en œuvre des plans de réduction d’effectifs, n’acceptent de se retirer qu’après s’être assuré de confortables indemnités accompagnées d’attribution de stock-options, retraites chapeau et autres parachutes dorés sans commune mesure avec leur contribution effective.

Et que penser de ces banquiers qui, pour avoir sciemment trop souvent confondu activités banquières adossées à une activité économique et activités purement spéculatives, ont plongé le monde au bord du gouffre il n’y a pas si longtemps. Nombre de ces banquiers n’ayant du reste échappé à la catastrophe que grâce à l’intervention financière d’Etats pourtant déjà pas au mieux… Ce qui n’empêche certains d’entre eux de continuer aujourd’hui encore à se délecter de vocables tels que spéculation ou bonus !

 

Il serait temps que tous les responsables du monde politique, économique ou financier intègrent, en leur for intérieur, que les temps ont changé et en viennent à adopter au quotidien une véritable « Éthique des pouvoirs ».

Et cela dans une société qui, sans verser dans un inaccessible angélisme, a besoin de se reconnaître dans l’exemplarité de celles et ceux qui, de par leur fonction éminente, l’incarnent aux yeux de tous.

 

 

 

Articles dans la même catégorie :