RETRAITES=PESTIFERES

Publié le 21 novembre 2017

     Il est acté que 60% des retraités paieront 1,7 points de CSG dès 2018 avec, pour certains, une atténuation par la disparition de la taxe d’habitation et une petite augmentation (0,8%) de la retraite de base. Les pensions de faible niveau ne seront pas concernées mais nous estimons déjà leur montant scandaleusement bas.

Le gouvernement a donné comme raison la « solidarité entre générations » ce qui est louable en soi, mais le problème est que cette solidarité est à sens unique, en totale défaveur de nos retraités.

De la lecture des « pour » et des « contre » cette réforme, il ressort un fait: les « pour » raisonnent en comparant  sèchement les montants de pensions par rapport aux autres rémunérations, les « contre » en tenant compte du « comment » nos retraités actuels les ont obtenus.

Les générations actuelles, souvent les « pour », oublient presque complètement:

– la non réévaluation des pensions en fonction de l’inflation depuis des années.

– la suppression de la demi-part fiscale des veuves en 2008

– la mise en place ‘une cotisation de 0,3% sur les retraites pour alimenter la CASA

– la fiscalisation de de la majoration de 10% accordée aux retraités qui avaient eu plus     de 3 enfants jusqu’alors non imposable

– l’attribution de fonds et de secours social à des étrangers non cotisants supérieurs en montant à celui des pensions de certaines professions.

Mais surtout, les jeunes générations inversent le devoir de mémoire vis à vis de leurs anciens, car, s’ils vivent maintenant dans la liberté et le confort, c’est à leurs « vieux » qu’ils le doivent.

En effet, parmi les retraités actuels, beaucoup ont combattu « pour la France », que ce soit sur des champs de bataille réels ou tout simplement en allant faire leur service militaire (ce qui a posé parfois de gros problèmes dans les études pour obtenir les sursis). Nos jeunes générations n’y pensent même plus.

Nos aînés ont souvent travaillé plus en temps (40h et plus au lieu de 35) et en inconfort que les générations actuelles qui bénéficient des succès des batailles sociales de leurs parents. Quand ils se retrouvaient chômeurs, ils étaient moins indemnisés que maintenant.

Faire des études était beaucoup plus difficile: se souvenir des taux de résultat au bac par rapport à ceux d’aujourd’hui.

Nos jeunes générations ont gagné dans le monde de la santé en raison des gigantesques travaux de leurs aînés chercheurs: allongement de la durée de vie, existence de soins actuels contre des maladies autrefois mortelles pour leurs aînés, meilleure prise en charge sécurité sociale sans compter la CMU, l’AME, avènement de la contraception, diminution drastique des accidents du travail. Il y a moins de tués sur les routes ( ne pas oublier que beaucoup d’accidents sont considérés comme accident du travail) en raison des progrès techniques de nos voitures, et de l’amélioration des routes (mais aussi de la répression).

L’argument « Trente glorieuses » qui a été valable un temps ne l’est plus pour toutes les personnes entrant en activité professionnelle après les années 70 et en retraite maintenant. Elles n’en ont pas profité. La crise économique qui a suivi le premier choc pétrolier a impacté les salaires et le calcul des pensions de retraite.

Nous ne pouvons donner que quelques exemples, mais il détestable au plus haut point de voir comment ceux qui ont fait notre pays sont « récompensés » par leurs plus jeunes en les taxant sur leurs retraites, le plus souvent bien méritées en fonction de ce qu’ils ont fait pour la nation et rendu service à la société. Les retraités  sont devenus pour eux des pestiférés. Excès de « jeunisme »?

Les « pour » l’augmentation de la CSG ne devraient pas non plus oublier que beaucoup de retraités actuels ne touchent même pas les pensions que leurs professions antérieures pouvaient leur laisser espérer une dizaine d’années avant l’arrêt de leurs activités.

Les raisons:

– Au cours de ces dernières  années, le pourcentage de la pension par rapport à la rémunération professionnelle antérieure a diminué,

– la valeur du point de retraite (surtout les complémentaires) à partir duquel se calcule la pension a diminué au fil du temps, bien souvent avec des cotisations en augmentation constante.

Autre argument: la création d’une taxe va, le plus souvent, dans son augmentation progressive  avec le temps (ex: la CSG de 1,1% à sa création est à 9,2% en 2018). Dans le futur, les retraités risquent donc d’être encore un peu plus taxés, diminuant ainsi leur possibilité personnelle de payer les maisons de retraites (médicalisées ou non) donc, du même coup, de pénaliser plus fortement les enfants qui devront payer pour eux.

Une fiscalité bien conduite ne peut pas viser une catégorie de la société (qui ne peut pas se défendre). Elle doit être la même pour tous quitte à la lisser en fonction des revenus de chacun.

De plus, on ne peut que fortement conseiller aux jeunes qui entrent dans la vie professionnelle de s’intéresser dès le départ à leur future retraite et surtout d’en surveiller l’évolution au cours de leur carrière en restant très attentifs aux évolutions de gestion de leurs caisses, ce que peu de citoyens font au cours de leur vie, avec parfois de bien mauvaises surprises au moment où l’on pense être enfin un peu tranquille dans l’existence.

Donc, les jeunes qui critiquent les « vieux » à propos de leur retraite devraient au contraire bien les protéger car ils seront eux-mêmes retraités un jour!

En conclusion deux choses:

-Par la non revalorisation des retraites en fonction de  l’inflation et la diminution de la valeur du point de retraite, tout se passe comme si les retraités avaient déjà apporté leur contribution à l’effort de solidarité nationale depuis plusieurs années.

-Que ceux qui sont en activité pensent qu’en protégeant la retraite de leurs anciens, ils protègent la leur.

NB: nous n’avons pas fait délibérément la distinction entre retraites public et privé et des différences entre professions pour ne pas être trop long dans le cadre d’un article.

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