SENTIMENT PATRIOTIQUE Septembre 2006

Publié le 13 mai 2013

« Souvenons nous, c’était il y a moins de deux ans. Les plus chauds thuriféraires du projet de traité constitutionnel européen ne cessaient de nous répéter que la notion de nation était sinon morte du moins en voie d’extinction.
Or, quelques mois plus tard, par la grâce d’un ballon de football, on a vu cet été nombre de peuples européens se regrouper avec une sorte de fierté joyeuse autour de drapeaux nationaux subitement sortis d’on ne sait où et qu’on n’imaginait même plus aussi nombreux. Et cela aussi bien en France, qu’en Italie, qu’au Portugal, qu’en Allemagne ou même en Grande-Bretagne. Le phénomène atteignit même Outre-Rhin des proportions qui n’avaient plus été connues depuis la réunification de 1991.
Premier enseignement de ce Mondial de football : n’en déplaise à certains, les nations vivent encore dans le cœur de citoyens de la vieille Europe.
Mais ce ne fut pas là le seul enseignement à tirer de cette manifestation sportive. La versatilité de la nature humaine fut ainsi illustrée jusqu’à la caricature par le parcours de notre équipe nationale. Poussive durant les éliminatoires et les trois premiers matchs et le nombre de détracteurs ne lui trouvant plus aucune qualité ne faisait alors que croître.
Puis excellente contre l’Espagne et brillante contre le Brésil et les mêmes qui quelques jours auparavant la vouaient aux gémonies, criaient au génie et perdaient toute raison en trouvant superbe et logique une pourtant pénible qualification face aux Lusitaniens puis en s’imaginant leurs protégés ne faisant en finale qu’une bouchée des transalpins.
Autre enseignement non négligeable : le débat sur l’âge. Que n’avait-on entendu sur cette équipe vieillissante qui allait avoir toutes les peines du monde à faire ne serait-ce que figure honorable !
C’était oublier que, comme dans la vie non sportive, l’âge, s’il a bien des inconvénients, offre aussi un avantage de taille… pour peu que l’on sache tirer les leçons des expériences passées. Et, au cas présent, notre équipe nationale et son encadrement avaient incontestablement tiré les leçons du Mondial 2002 en Asie où un brin de suffisance, un trop-plein de commerce publicitaire et trop de promiscuité avec le monde des médias avaient vite gangrené l’édifice.
Enfin, dernier et non moindre enseignement : aucun combat n ‘est perdu tant qu’il n ‘a pas été livré.
Les seuls combats perdus d’avance sont évidement ceux qu’on ne livre pas ou qu’on livre en doutant par trop de soi-même.
Et force est de reconnaître qu’à la mi-temps du match contre le Togo nombre de supporters, dont je dois l’admettre je faisais partie, ne donnaient pas cher du futur de notre équipe dans cette compétition.
Mais nos joueurs possédaient manifestement assez de force de caractère pour aller au-delà des apparences et forcer leur destin.
Certes, je pourrais terminer en disant, allusion à la finale, qu’un autre enseignement de cette compétition fut que la force des mots est tous comptes faits parfois aussi redoutable et efficace que celle des gestes. Mais je m’exposerais peut-être à ce que certains d’entre vous me disent que j’écris cela sur un coup de tête…
Les nations toujours bien présentes, la versatilité des sentiments humains, la valeur de l’expérience plus forte que l’âge, l’espoir tant qu’il reste de la vie… Décidément la balle ronde a bien des choses à nous apprendre si l’on y regarde attentivement… »

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